“L’huile de palme durable de Nutella coûte 6 millions de plus à Ferrero”

© Reuters

Ferrero a fait les gros titres des médias ces derniers mois : polémique sur l’huile de palme, proposition de “taxe Nutella” en France, rumeurs de rachat par Nestlé,… Mais il continue sa croissance régulière et méthodique : son activité mondiale a crû de 8 % en 2012 pour atteindre 7,8 milliards.

Groupe familial d’origine italienne, Ferrero cultive la discrétion avec acharnement, même quand la polémique ternit l’image de l’entreprise.

Olivier Charrier, “managing director” pour le Benelux, fait le point pour “Trends-Tendances”.

TRENDS-TENDANCES. Le groupe Ferrero cultive généralement la discrétion. Mais les actualités de ces derniers mois vous poussent à sortir de votre réserve. Comment gérez-vous cette “crise de l’huile de palme” qui sévit depuis quelques mois maintenant ?

OLIVIER CHARRIER. Nous ne nous expliquons pas cette stigmatisation de Nutella alors que notre produit ne représente qu’un pourcentage marginal de l’utilisation globale d’huile de palme. Et les critiques qui nous sont faites, tant au plan nutritionnel qu’au plan environnemental, sont sans fondement. Au plan nutritionnel, l’huile de palme est montrée du doigt car elle est riche en acides gras saturés (AGS) et la population en consomme trop. Mais la mise en cause spécifique de l’huile de palme sur ce point est un non-sens : celle-ci représente moins de 10 % des apports en AGS de la population (chiffres français)… ce qui veut dire que plus de 90 % proviennent d’autres aliments comme le beurre, le fromage ou la charcuterie. Ce n’est donc pas en s’acharnant sur l’huile de palme, et encore moins sur Nutella, qu’on réglera la question ! Mais il est plus facile de faire les gros titres en clouant au pilori une huile “exotique” ou une marque mythique qu’en abordant sérieusement les questions de fond. L’attaque dont nous avons été la cible est de la désinformation pure et simple.

Les arguments contre l’huile de palme sont aussi environnementaux…

Sur ce plan, l’huile de palme est pointée du doigt pour la déforestation incontrôlée. Or, on oublie de dire qu’il existe une filière durable et que plus de 30 % de l’huile de palme utilisée en Belgique est déjà certifiée durable. Et l’industrie belge vise les 100 % à l’horizon 2015 ! Les critiques oublient aussi de mentionner que l’huile de palme a un rendement à l’hectare six fois supérieur à tout autre oléagineux, atout extrêmement précieux face à l’explosion de la demande alimentaire mondiale. Cultivée suivant les bons standards, elle mobilise aussi moins d’eau, d’énergie et de pesticides. S’agissant de Nutella, nous utilisons déjà 100 % d’huile de palme certifiée durable selon le standard le plus exigeant. Nous sommes donc sans aucun doute une best practice du secteur.

Avez-vous chiffré l’impact négatif que cette polémique a eu sur les ventes de Nutella ?

L’impact concerne essentiellement la perception du produit. Ce qui n’a pas manqué de toucher nos équipes en interne. Avec toute la boue que nous avons reçue, les collaborateurs se sont interrogés et il a fallu les rassurer et leur démontrer qu’ils n’ont pas à rougir de travailler pour Ferrero. Quant aux ventes, les polémiques (surtout francophones) sur l’huile de palme ont un peu ralenti la croissance au sud du pays. On perd 2 ou 3 % de croissance. Mais entre septembre 2012 et août 2013, nous sommes stables en valeur.

Retrouvez l’interview complète dans votre magazine Trends-Tendances de cette semaine.

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