Cartonnage Lammerant fait carton plein

L'usine tourne à pleine capacité cinq jours sur sept et 24h/24. © dr

Fondée en 1964, la société Cartonnage Lammerant a fortement progressé ces dernières années et accompagné la croissance de ses clients actifs dans l’agroalimentaire, la production de produits d’entretien ou encore le secteur du luxe et des cosmétiques.

Mathias Lammerant et sa soeur Sophie ont été bercés dès leur plus jeune âge par le bruit de l’onduleuse de la société familiale. “Nous habitions dans l’usine avec ma grand-mère et mes parents, se rappelle Mathias Lammerant. Nos chambres étaient situées à moins de 10 mètres des machines. On peut dire que je suis tombé dans le carton comme Obélix dans la potion magique.”

S’il ne se voyait pas travailler ailleurs une fois devenu grand, sa soeur, en revanche, ne voulait pas en entendre parler. “En fait, précise-t-elle, l’usine me prenait mon papa. D’ailleurs nous disons entre nous que notre père est d’abord marié à la société et ensuite à maman.” Aujourd’hui, ils sont pourtant tous deux aux côtés de leur père, Etienne, et aucun ne regrette d’avoir intégré l’entreprise familiale fondée il y a plus de 50 ans par leurs grands-parents, Roger et Elvire Lammerant.

De Thulin à Leuze-en-Hainaut

La société est créée en 1964 à Thulin, à quelques kilomètres de Mons. Durant les premières années, Cartonnage Lammerant transforme du carton compact en boîtes pliantes pour des faïenceries, verreries, fabricants de chaussures mais aussi des abattoirs de volailles et des producteurs de salsifis. A la fin des années 1960, l’entreprise déménage à Leuze-en-Hainaut et troque le carton compact pour le carton ondulé.

Le 3 mars 1977, Roger Lammerant décède à l’âge de 44 ans. Son épouse reprend les rênes, secondé par Etienne, alors âgé de 17 ans, suivi plus tard de son frère cadet, Roland. “Je suis arrivé à l’usine le 1er août et les cinq ouvriers qui travaillaient alors dans la société ont démissionné disant qu’ils ne voulaient pas être sous les ordres d’un gamin de 17 ans, se souvient Etienne. Je leur ai répondu que j’étais là pour apprendre pas pour commander mais ils sont quand même partis.”

Il s’est donc retroussé les manches et a travaillé avec sa mère pour relancer l’activité. Il a un moment fait appel à des anciens camarades de classe mais cela n’a pas matché. “C’était une mauvaise idée, les relations professionnelles ne sont pas des relations amicales.”

Mathias Lammerant : Chaque jour, ce sont plusieurs centaines de milliers de boîtes qui sortent de notre usine.
Mathias Lammerant : Chaque jour, ce sont plusieurs centaines de milliers de boîtes qui sortent de notre usine.© dr

Progressivement l’entreprise va s’étoffer et procéder à ses premiers engagements. Idéalement située au coeur du Hainaut et de ses riches terres agricoles, elle va profiter de l’essor de l’industrie de la transformation de la pomme de terre. D’autant qu’en 1978, une société est lancée à Leuze par Guy et Luc Van den Broeke et Cartonnage Lammerant va naturellement fournir sa voisine et croître avec elle.

Afin de ne pas mettre tous ses cartons chez le même client, Etienne Lammerant va prendre sa mallette et prospecter de nouveaux clients. Aujourd’hui, l’entreprise leuzoise fournit ses cartons dans un rayon de 300 km au départ de son usine. Une usine qui a considérablement grandi puisqu’elle occupe aujourd’hui avec 55.000 m2 la quasi-totalité des 6 hectares de terrain.

Avec l’augmentation de l’activité et l’achat de nouvelles machines plus performantes, la société déménage en 1997 sur un nouveau site dans le zoning de l’Europe, toujours à Leuze. L’entreprise emploie actuellement un peu moins d’une centaine de travailleurs et a terminé l’exercice 2017 avec un chiffre d’affaires de plus de 40 millions contre 33 cinq ans auparavant.

Naturel et écologique

L’usine tourne à pleine capacité cinq jours sur sept et 24h/24. “Nous fournissons des clients actifs dans l’agro-alimentaire, la production de produits d’entretien, les brasseries, le luxe et les cosmétiques, les sociétés de déménagement, etc., intervient Mathias Lammerant. Les caisses sont personnalisées (nom, logo, photos, etc.) pour chaque client et réalisées sur mesure au millimètre près sur l’une de nos 10 lignes de production. Nous avons pour vocation de fabriquer des cartons pour les professionnels et non pas pour les particuliers. Chaque jour, ce sont plusieurs centaines de milliers de boîtes qui sortent de notre usine.”

Mathias Lammerant travaille maintenant depuis huit ans dans l’entreprise familiale qu’il a rejointe après ses études. “En fait, après avoir obtenu mon diplôme de l’Ichec en 2010, je pensais d’abord, en accord avec mes parents, travailler ailleurs avant de revenir ici. Mais alors que je me rendais à un entretien à Bruxelles, mon père m’a appelé car mon oncle avait eu un accident et il m’a demandé de le rejoindre pour l’épauler.”

En 2011, sa grand-mère qui a cofondé l’entreprise et qui ne l’a jamais vraiment quittée, venant chaque jour pour effectuer quelques tâches administratives, décède. Son fils Etienne reprend alors la tête de l’entreprise familiale qui a bien grandi en un demi-siècle et poursuit sa progression régulière dans un secteur soumis aux prix fluctuants de leur matière première : le carton. “Nous utilisons 90 % de papier recyclé brun ou blanc et 10% de papier kraft, précise Mathias Lammerant. Nous sommes très attentifs à l’environnement. Ainsi, les colles que nous utilisons sont fabriquées et assemblées par nos soins à partir de farine de blé et les encres sont à base d’eau. Le produit fini est un produit naturel, écologique et recyclable.”

Retour au bercail

En 2014, Sophie Lammerant a elle aussi franchi le pas et est revenue à “la maison” à la demande de la famille. Pourtant, au départ, rien ne la prédestinait à devenir la seule femme à travailler dans cet univers masculin. Elle étudie le droit et décroche son diplôme en 2012 à Louvain-la-Neuve. Elle s’inscrit dans la foulée au barreau de Gand. Comme son frère, elle est parfaite bilingue ayant été éduquée en néerlandais et ayant accompli sa scolarité en français.

Et alors qu’elle plaidait un peu partout dans le pays, elle n’imaginait pas revenir à la cartonnerie. Mais début 2014, la personne responsable du personnel annonce qu’elle va prendre sa pension en juillet. “Mes parents sont venus à Gand où je vivais et m’ont proposé d’intégrer l’entreprise.” Elle n’a pas attendu longtemps avant de dire oui. En mai, elle entrait comme responsable des ressources humaines et gère depuis lors, entre autres, les relations avec les travailleurs, les ressources humaines ainsi que la sécurité.

De gauche à droite : Mathias, Chantal, Etienne et Sophie Lammerant.
De gauche à droite : Mathias, Chantal, Etienne et Sophie Lammerant.© dr

Cartonnage Lammerant est aujourd’hui pilotée par Etienne, Mathias et Sophie Lammerant. Et avec succès comme en témoigne la progression régulière qu’enregistre la société ces dernières années. Au point que les bâtiments commencent doucement à être exigus. Il est vrai que la société surfe, et c’est une bonne nouvelle, sur le dynamisme à l’export de ses clients qui envoient leurs produits dans le monde entier dans des caisses fabriquées à Leuze.

Aujourd’hui, la famille Lammerant ne vit plus près de l’usine mais elle habite à proximité. L’épouse Chantal et maman ne travaille pas dans l’entreprise, gérant de son côté un commerce de vins, mais assure quand même le rôle d’administrateur passif au sein de la société familiale. De même que l’épouse de Mathias qui travaille dans le traitement de l’eau et l’époux de Sophie qui est vétérinaire. En revanche, le fils de ces derniers, représentant la quatrième génération, s’amuse déjà dans les cartons de l’usine à l’image de son oncle. La relève semble assurée.

Guy Van den Noortgate

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