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Et un, et deux, …

Bernard Arnault : check. Gérard Depardieu : check. Qui pourrait-on encore aller chercher ? Pom pom pom… Pas DSK, ce serait une trop mauvaise pub. Pourquoi pas Yannick Noah ? Ou Franck Ribéry ?

Non mais c’est vrai : plus le débat enfle outre-Quiévrain, plus on se frotte les mains, au plat pays. Continue de beugler, Gérard ! Continue de pleurnicher, Jean-Marc ! Nous, ici, on se réjouit. Le politique, en particulier, ne s’est pas fait prier pour s’emparer de ce dossier bouillant en France, dont les éclaboussures semblent réchauffer le coeur des Belges — c’est vrai qu’on est pas si mal lotis — et qui lui est en prime servi sur un plateau d’argent par les médias de tous bords. “J’ai été ministre des Finances pendant 12 ans et je ne sais pas quelle mesure j’aurais pu prendre pour attirer les Français”, assure Didier Reynders, avec son sarcasme habituel. Pied de nez (discret) aux socialistes ? Sans doute. En tout cas l’occasion d’enfoncer le clou : les mesures fiscales “trop sociales” sont impopulaires. Qu’Elio se le dise, s’il ne veut pas se faire lyncher comme son ami François. Pas question d’émettre ce genre de proposition lors du prochain conclave budgétaire, donc.

Mais prenons un peu de hauteur — car il faut bien admettre que jusqu’ici, le débat vole assez bas. La faute aux socialistes (encore) ? C’est vrai qu’avec des invectives du genre “On ne choisit pas son passeport en fonction de sa feuille d’impôt” (dixit Harlem Désir – PS), ou “Un tel abandon de citoyenneté ne peut rester impuni” (dixit Yann Galut – PS toujours), voire “C’est une forme de déchéance personnelle” (Michel Sapin – PS, bah oui), ou même “Retirons-lui sa Légion d’Honneur” (Roger-Gérard Schwartzenberg – Radicaux de gauche, rien de moins) on sombre dans le patriotisme de bas étage. Comment? Ces hauts gradés de la politique française ne connaissent pas la Déclaration universelle des droits de l’Homme ? “Nul ne peut être arbitrairement privé de sa nationalité, ni du droit d’en changer.” Le texte ne prête pas vraiment à confusion, pourtant.

Allons, Messieurs, reprenez-vous ! C’est la crise, oui. Les plus riches doivent contribuer davantage que les autres à la solidarité nécessaire au bien-être pour tous, oui. Mais de là à imaginer une taxe à 75 % sur les hauts revenus… Il y avait sans doute là un pas à ne pas franchir. Alors, plutôt que de clamer qu’il n’y a pas d’autre solution que de renégocier les accords fiscaux avec la Belgique, regardez plutôt dans votre assiette et cessez (une fois !) de nous accuser de concurrence déloyale. Chez nous, on ne brille peut-être pas par le patriotisme, mais bien par le pragmatisme. Et ça paye (parfois). Nous n’avons pas de sommets enneigés, quasi plus de banques ni de grands groupes nationaux, pas de grands crus classés, mais vous nous enviez nos sportifs, nos comédiens, nos bières, notre immobilier pas cher, et maintenant notre fiscalité attractive pour les grosses fortunes. Laissez à César ce qui appartient à César… Et foutez la paix à Obélix.

CAMILLE VAN VYVE

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