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Est-on vraiment entré dans le “siècle de l’Asie” ?

Les derniers chiffres de l’OCDE montrent clairement que l’économie mondiale est en train de basculer vers l’est. Mais peut-on déjà parler d’un “siècle de l’Asie” ?

Les derniers chiffres de l’OCDE montrent clairement que l’économie mondiale est en train de basculer vers l’est. Vers l’Asie, donc. La messe serait-elle dite, l’Europe est-elle condamnée à devenir – en tout cas à long terme – un musée peuplé de vieillards que visiteront les classes moyennes chinoises ? Certains le craignent. Heureusement pour nous, l’avenir est loin d’être écrit. Et en économie, il n’y a pas de fatalisme.

Prenons l’Asie, tout d’abord. Comme le faisait remarquer l’économiste Guy Sorman, l’Asie est un concept fourre-tout. S’il est vrai que la Corée du Sud, le Japon, le Viêtnam et la côte est de la Chine se débrouillent très bien sur le plan économique, c’est moins le cas de la partie ouest de la Chine, par exemple, qui vit comme au Moyen Age. Quant à l’Inde, elle est en soi une autre Asie…

Il n’y a aucune unité politique entre ces nations. Les unes sont des démocraties, les autres des dictatures plus ou moins déguisées. Même sur le plan économique, les modèles utilisés sont extrêmement différents. Le capitalisme privé du Japon et de la Corée du Sud n’a rien à voir avec le capitalisme d’Etat de la Chine. Quant à l’Inde, voici un pays largement dominé par l’agriculture et, surtout, un univers de petites, voire très petites entreprises.

La peur de l’Asie, en outre, est souvent fantasmée. Il n’existe pas de centre de coordination asiatique, pas même l’ébauche d’une sorte d’union asiatique comme chez nous, avec l’Union européenne.

De plus, l’Asie n’est pas un havre de paix. A l’ouest de ce continent, le Pakistan peut exploser à chaque instant. A l’est, en mer de Chine, règnent encore des tensions géopolitiques. Si l’on devait retirer la 7e flotte américaine de la mer de Chine, il est quasiment certain, comme le dit Guy Sorman, que le commerce international en serait perturbé.

Au fond, peut-on déjà parler d’un “siècle de l’Asie”, alors que sa sécurité dépend encore d’un gendarme non asiatique ? Poser la question, c’est déjà y répondre.

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