VW “est bien plus que la crise” des moteurs truqués

Matthias Müller, nouveau CEO de Volkswagen. © AFP/John MacDougall

Le géant européen de l’automobile Volkswagen s’est efforcé jeudi de mettre l’accent sur ses perspectives d’avenir, refusant d’être réduit au retentissant scandale des moteurs diesel truqués qui continue d’avoir d’importantes répercussions sur son activité.

Le groupe allemand “est bien plus que la crise”, a fait valoir son patron Matthias Müller lors de la conférence de presse annuelle de l’entreprise à son siège de Wolfsburg (nord), alors que Volkswagen a essuyé en 2015 sa première perte depuis plus de 20 ans.

Le mastodonte automobile, qui chapeaute douze marques dont Volkswagen, Audi, Porsche et Seat, a dû passer des provisions de 16,2 milliards d’euros pour faire face au scandale du diesel, avec pour conséquence un trou de 1,6 milliard d’euros dans ses comptes l’an dernier.

Une année noire. Mais “nous partons du principe que nous terminerons 2016 avec un bénéfice”, a affirmé jeudi son directeur financier Frank Witter.

Le patron, M. Müller, s’attend toutefois pour 2016 à “une année à nouveau très exigeante pour le groupe”.

Rappel de la Golf

Volkswagen se débat toujours avec les conséquences financières et juridiques de cette affaire. Les provisions passées en 2015 doivent couvrir des “mesures techniques sur les moteurs diesel”, à savoir le rappel de millions de véhicules pour une mise à jour du logiciel truqueur.

Matthias Müller a reconnu un retard sur le planning initial concernant les rappels en Europe. Ils ont commencé à petite échelle en janvier avec l’Amarok de Volkswagen Utilitaires, ainsi que par quelques modèles d’Audi et Seat, et devaient accélérer avec la Passat de Volkswagen, mais le constructeur attend toujours le feu vert des autorités allemandes.

La marque Volkswagen commencera donc par la Golf, son modèle le plus vendu. Dans les prochains jours, une première variante équipée d’un moteur deux litres va être rappelée au niveau européen, soit environ 15.000 unités. D’autres modèles devraient bientôt suivre.

M. Müller a répété sa promesse d’en finir avec les rappels d’ici la fin de l’année, même s’il n’a pas totalement exclu que cela dure jusqu’au premier trimestre 2017.

Les provisions serviront également au rachat de véhicules à hauteur de 7,8 milliards d’euros. Le groupe a proposé aux clients américains concernés de racheter leurs voitures, sans dévoiler le montant offert par véhicule. Il ne compte pas faire de même en Europe.

Enfin, 7 milliards d’euros de provisions sont consacrés aux risques juridiques, alors que Volkswagen est sous la menace d’amendes et du paiement de dommages et intérêts.

Selon son rapport financier, l’entreprise réfléchit par ailleurs, dans le cadre de ses négociations avec les autorités américaines, à investir environ 1,8 milliard d’euros dans des “projets environnementaux et l’électromobilité” pour faire amende honorable.

Le groupe a également dit faire tout son possible pour identifier les responsables du trucage à travers une enquête interne, qui devrait être bouclée au quatrième trimestre.

“Nous avons nous-mêmes un grand intérêt à ce que toutes les causes et les responsabilités soient mises au jour”, a assuré le patron.

Electrique et services

La priorité est de “regagner la confiance” des clients, a poursuivi M. Müller. Volkswagen n’entend pas pour autant renoncer à la technologie diesel, nécessaire pour respecter les réglementations européennes en matière d’émissions de CO2.

Tentant de s’émanciper du scandale du diesel, M. Müller a insisté sur les projets d’avenir, dans un contexte de concurrence intense, de ralentissement de certains marchés et d’apparition de nouveaux modèles d’activité dans l’industrie automobile.

Lent au démarrage sur la voiture électrique, Volkswagen entend désormais rattraper son retard pour devenir un des principaux acteurs dans ce domaine. Il promet ainsi 20 modèles hybrides ou tout électriques supplémentaires d’ici 2020. Actuellement, il en commercialise neuf.

Autre axe de développement: les services à la mobilité. Volkswagen se dit ouvert à “de nouveaux partenariats et des prises de participations futures”, même s’il n’est “pas en discussion avec Apple ni Google”.

Le groupe veut dévoiler en milieu d’année ses nouvelles orientations, réunies dans sa “stratégie 2025”.

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