Vuvuzela, trompette à fric

© Reuters

Tout se passe là, dans ce hangar du Cap où Neil Van Schalkwyk fabrique à la chaine ces vuvuzelas dont il a déposé la marque. Sa trompette en plastique ne lui coûte que 60 centimes d’euros à fabriquer. Il la revend ensuite autour de 5 euros pour le modèle de base… Petite visite de l’usine de la star inattendue du Mondial.

Un simple hangar en banlieue du Cap, grillagé comme presque tout en Afrique du Sud. C’est ici, derrière de hauts murs de briques, qu’est fabriquée la vuvuzela, marque déposée. Un secret bien gardé, qui fait la fierté du patron de l’usine, Neil Van Schalkwyk.

“Notre principal souci, c’est la contrefaçon, assure Neil, tout sourire. Pour lutter, nous avons inventé un nouveau modèle pour la Coupe du monde. Il est pliable, en trois parties. Maintenant, vous pouvez en ramener six dans vos valises, sans aucun problème…” Conceptualisée en Allemagne, fabriquée en Afrique du Sud et vendue aux fans de football du monde entier.

Jacques est venu supporter l’équipe de France pour son premier match au Cap, vendredi dernier. S’il a moyennement apprécié le “bourdonnement incessant” dans le stade, il a promis à ses petits-enfants d’en ramener plusieurs en France : “Ils me les ont commandées avant que je parte. Moi je ne fais qu’obéir.”

Dès mars, Neil a mis le paquet côté production. De toutes les couleurs mais de la même taille. Les fans des Bleus soufflent donc dans une vuvuzela tricolore : bleu pour l’embout, blanc pour la tige et rouge pour la trompe. Les Sud-Africains ont droit, eux, à deux couleurs, jaune et vert. Pour les drapeaux un poil plus sophistiqués, Neil, en bon commerçant, a la réponse toute trouvée : “Je peux vous trouver des housses spéciales. Avec le globe du drapeau brésilien ou le soleil argentin.”

Le jeune entrepreneur du Cap ne le cache pas, il est en train de faire fortune. Sa trompette en plastique ne lui coûte que 60 centimes d’euros à fabriquer. Il la revend ensuite autour de 5 euros pour le modèle de base. “Nous espérons en écouler 80 000 d’ici la Coupe du monde. Mais il est impossible de faire des prévisions pendant l’événement.” Neil peut désormais souffler… car il est passé tout près de la catastrophe.

“Vous, vous applaudissez. Nous, nous soufflons dans la vuvuzela !”

Lors de la dernière Coupe des confédérations en Afrique du Sud, le monde du football découvre le bruyant instrument. “Trop fort, dangereux…” Les joueurs se plaignent, les diffuseurs de télévision n’en veulent pas. Finalement, la Fifa arbitre le litige : la trompette australe est jugé “composante essentielle” de l’ambiance dans les stades.

La polémique est de nouveau d’actualité avec la diffusion des premiers matchs de Coupe du monde à la télévision. “Enlevez-nous les vuvuzelas et vous verrez ce dont nous sommes capables !” Tendai supporte l’Ajax Cape Town depuis toujours et, depuis qu’il est petit, il vient au stade avec sa vuvuzela : “C’est notre manière à nous de supporter notre équipe. Vous, vous applaudissez. Nous, nous soufflons dans la vuvuzela.”

Gary Grabli, L’Express.fr

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content