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‘Volkswagen découvre que la justice de l’Oncle Sam sert indirectement l’hégémonie américaine’

Le scandale Volkswagen suscite beaucoup de commentaires et d’indignation depuis que la tricherie a été dévoilée. Pour ma part, cette bêtise monumentale de la part du symbole du Made in Germany me laisse perplexe…

D’abord, avec ce scandale, le monde entier découvre que le premier de classe peut également tricher. Imaginez ce qu’auraient été les commentaires si la firme automobile qui avait contourné les règles anti-pollution aux États-Unis avait été d’origine italienne, par exemple ? J’entends déjà d’ici les sarcasmes sur ces entreprises du sud de l’Europe qui ne peuvent décidément pas changer leur ADN.

Et que peuvent encore dire les Allemands aux Grecs après cette immense supercherie ? Qu’est-ce qui est pire, tricher sur ses comptes budgétaires pour entrer dans l’euro ou tricher sur les règles de pollution ? Le moins que l’on puisse dire est que la parole des Allemands est désormais dévalorisée.

Par ailleurs, ce qui me frappe une fois de plus dans cette affaire, c’est la cécité du patron de VW. À croire que son salaire exorbitant lui a fait oublier toute forme de prudence élémentaire. J’ai un ami qui me dit souvent que “le voleur, c’est celui qui se fait attraper”. Mais là, Volkswagen – qui venait de détrôner Toyota comme premier constructeur mondial en juillet dernier – vient de commettre l’irréparable. Sa direction, par bêtise et appât du gain, a mis fin à la fiabilité dont jouissait le Made in Germany. Ce qui prouve que le capitalisme est sans doute le moins mauvais des régimes économiques, mais que sans la surveillance de la puissance publique, la tentation de frauder sera toujours irrésistible.

L’autre leçon à tirer de cette triste histoire, c’est qu’aujourd’hui la triche est connue mondialement, instantanément via l’explosion des réseaux sociaux. La direction a oublié cette évidence, sans doute parce que le succès de ces 20 dernières années lui est monté à la tête.

Volkswagen découvre que la justice de l’Oncle Sam sert indirectement l’hégémonie américaine

Et n’oublions pas que si le patron de VW a démissionné, il devrait partir avec quelques dizaines de millions d’euros. C’est évidemment indécent alors qu’il a détruit plus d’un tiers de la valorisation de son entreprise en quelques heures.

Et dernier commentaire, la vie du business est aussi une guerre économique. Les entreprises savent aujourd’hui qu’il ne faut pas faire de bêtises sur le sol américain. BNP Paribas l’a appris en payant une amende de plusieurs milliards de dollars. La FIFA l’a aussi appris à ses dépens. Et aujourd’hui, c’est au tour de VW de découvrir que l’aigle américain – autrement dit, la justice – sert indirectement l’hégémonie américaine. Car ces énormes amendes tombent souvent sur des entreprises européennes et asiatiques. Imaginerait-on l’inverse, c’est-à-dire les Européens risquant de mettre en faillite Apple, Monsanto ou Google en raison de certains de leurs “mauvais comportements” ? La réponse est non, car l’Europe ou l’Asie n’ont tout simplement pas le même pouvoir…

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