Voitures électriques: le rêve d’un “Airbus européen des batteries”

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La Commission européenne aimerait que l’Europe rattrape son retard pour ne pas dépendre de l’Asie pour l’élément le plus coûteux des voitures électriques. A défaut d’une alliance unique, des accords régionaux se dessinent.

Un ancien de Tesla, Peter Carlsson, est à l’origine du projet de la plus grande usine européenne de batteries. Sa société, Northvolt, va construire dans les prochains mois, à Västerås, en Suède, une usine visant la production annuelle de 32 GWh de batteries, quasiment du niveau de la Gigafactory ouverte par Tesla dans le Nevada. La Banque européenne d’investissement a accepté de prêter 52,5 millions d’euros à l’entreprise suédoise.

Pour le commissaire européen en charge de l’Energie, Maros Sefcovic, il s’agit là d’une première étape dans ce qu’il appelle un ” Airbus européen des batteries “, pour rattraper le retard du Vieux Continent. Il promet en mai un plan d’action pour encourager le développement d’une nouvelle génération de batteries.

Limiter la dépendance de l’Asie

Jusqu’à présent les constructeurs automobiles européens se sont surtout fiés aux sous-traitants asiatiques pour équiper leurs véhicules électriques. Renault se fournit ainsi chez le coréen LG pour équiper les Zoé. Les plus grands fabricants de batteries sont Samsung, LG, Panasonic, ou le chinois BYD. Alors que la voiture électrique pourrait être davantage présente sur nos routes, l’absence de production européenne devient un souci économique sérieux. Le commissaire Maros Sefcovic, parle, pour 2025, d’une demande de 200 GWh par an, ce qui représenterait 10 à 20 usines et plus de 200 milliards d’euros par an.

Les constructeurs automobiles ont adopté des stratégies variables sur le sujet. La production de batteries consomme beaucoup de capital pour peu de marge. La tentation est donc forte de sous-traiter l’activité. Mais le cas de Tesla a montré au secteur l’importance stratégique de bien contrôler cet élément dont dépendent l’autonomie et les performances de la voiture. Mercedes a ainsi choisi de produire des batteries, après en avoir exclut l’hypothèse.

La perspective de nouvelles usines suscite des espoirs. Notamment en Wallonie, pour le site de Caterpillar, à Gosselies, ou en Flandre, pour les sites d’Anvers ou de Genk (ex-usine Ford), qui seraient propices à produire des batteries.

La Belgique compte un acteur essentiel dans ce marché : Umicore, producteur de métaux non ferreux, spécialiste du recyclage, est très actif dans la fourniture de métaux utilisés dans la fabrication des batteries, comme le cobalt et le nickel. Il envisage un investissement de 650 millions d’euros en Chine et en Europe pour cette activité.

La comparaison avec Airbus reste encore bien lointaine. A la place d’une forte alliance européenne, ce sont des initiatives nationales qui bourgeonnent. Outre le suédois Northvolt, l’Allemagne compte plusieurs projets : TerraE, soutenu par Berlin, qui réunit des instituts de recherche et des entreprises comme Siemens et Umicore, vise deux usines. Daimler construit aussi une usine à Kamenz, près de Dresde. Tesla envisage également de produire des batteries en Europe, tout comme les entreprises asiatiques : LG a annoncé une implantation en Pologne.

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