Une PME wallonne s’attaque au marché de la revente de licences de logiciel

La revente de licences perpétuelles contractées avec un éditeur de logiciels pour l’utilisation de leur produit est autorisée depuis une clarification apportée par la Cour de justice européenne en 2012, mais “quasi personne n’était au courant”, explique Cécile Grégoire, une ingénieur commerciale belge qui a récemment décidé de s’emparer elle-même de cette opportunité en créant une PME basée en Wallonie, NearlyNewSoftware.

Cette société, “la première du genre en Europe”, s’adresse en priorité aux entreprises européennes souhaitant revendre les licences qu’elles n’utilisent plus, ou encore aux entreprises en faillite, selon les explications données vendredi par Cécile Grégoire à l’occasion d’une conférence de presse. NearlyNewSoftware s’apparente à une plate-forme internet similaire à un site de seconde main comme eBay. Des licences de tous types, obligatoirement perpétuelles (contractées pour un temps indéfini par l’utilisateur du logiciel), y sont revendues pour 40 à 50% moins cher que leur prix initial.

“A la différence d’eBay, il n’y a pas de possibilités d’enchères pour le moment, mais ce sera la prochaine étape dès qu’on se développe un peu”, précise la gérante et créatrice de la société. “Par ailleurs, nous vérifions toujours la validité de la licence, via les factures et autres, avant de la mettre dans le catalogue.”

NearlyNewSoftware, qui se finance via une “commission minimale” prélevée au moment de la vente, constitue une première en Europe sur ce marché. “Deux autres entreprises européennes font également de la revente de licences, mais contrairement à nous, elles se spécialisent dans les produits de quelques éditeurs, essentiellement Microsoft et SAP”, précise Cécile Grégoire.

L’arrêt dans lequel la Cour de Justice européenne confirme la légalité de la revente de licences logicielles perpétuelles et précise les conditions de cette opération date de juillet 2012. A l’époque, la Cour de justice devait apporter des éclaircissements sur la législation européenne en la matière, le puissant éditeur Oracle ayant attaqué l’entreprise allemande UsedSoft, qui revendait des licences de seconde main pour ses produits.

A la question de savoir pourquoi ce marché est resté par après relativement inexploré jusqu’à aujourd’hui, Cécile Grégoire répond que “c’était également une de (ses) grandes questions au départ”. “Après l’arrêt de 2012, le Financial Times avait prévu dans un article que ce nouveau marché vaudrait plusieurs milliards de dollars”, explique-t-elle, évoquant le chiffre de 60 milliards de dollars à l’échelle de la planète. “Mais très peu de monde était au courant de cette possibilité, et c’est un marché de revente plus complexe que celui des voitures, par exemple, car il y a des conditions juridiques à respecter.”

L’ingénieur s’est entourée d’avocats et de conseillers pour lancer sa PME, consciente de la réticence des éditeurs de logiciels. “Les plus puissants d’entre eux ont essayé d’insuffler le doute quant à la légalité de la revente, notamment via la presse”, assure-t-elle. “Aujourd’hui encore, on ressent une pression de leur part, essentiellement via des articles de la presse britannique”.

Si son expérience pousse d’autres européens ou même les éditeurs eux-mêmes à se lancer sur ce marché estimé juteux, Cécile Grégoire affirme “ne pas avoir peur”. “Dans les trois années à venir, il y a beaucoup d’argent à économiser pour les entreprises”, pense-t-elle.

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