Une fermeture inscrite dans un vaste plan de restructuration mondiale

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La fermeture du site carolo du constructeur d’engins et de matériel de chantier américain Caterpillar a été annoncée à l’issue d’un conseil d’entreprises extraordinaire vendredi matin.

Cette annonce marque une nouvelle étape dans un plan de restructuration mondiale, déjà notifié en septembre 2015 lorsque le multinationale préfigurait la suppression de 10.000 emplois d’ici 2018, soit 9% de ses effectifs. Les résultats 2015 de l’entreprise affichaient quant à eux des chiffres en forte baisse, poussant le groupe à abaisser ses prévisions pour 2016.

Le bénéfice net pour 2015 avait chuté de 43% à 2,102 milliards de dollars alors que le chiffre d’affaires baissait de 15% à 47 milliards de dollars. Le groupe avait notamment inscrit pour plus de 900 millions de dollars sur l’exercice de charges de restructuration.

Les derniers résultats de l’entreprise américaine, publiés fin juillet 2016, étaient également en baisse pour le 2e trimestre. Le bénéfice net chutait de 31,4% à 550 millions de dollars et le chiffre d’affaires de 16% à 10,342 milliards de dollars là où les attentes du marché étaient de 10,06 milliards de dollars. La multinationale avait alors indiqué que ses prévisions -faites en avril- devaient être revues. Celles-ci mentionnaient un chiffre d’affaires de 40 à 42 milliards de dollars et un bénéfice par action de 3 dollars (3,70 dollars ajusté). Le groupe ne s’attendait plus qu’à un chiffre d’affaires de l’ordre de 40 à 40,5 milliards et à un bénéfice par action de 2,75 dollars (3,55 dollars ajustés).

“La croissance économique mondiale reste atone et n’est pas suffisante pour conduire à une amélioration dans la plupart des industries et des marchés que nous servons. Les prix des matières premières semblent s’être stabilisés mais à des niveaux bas. Les incertitudes internationales perdurent et le résultat du récent référendum sur le Brexit et les troubles en Turquie ajoutent aux risques, surtout en Europe”, avait souligné Caterpillar par voie de communiqué.

Face à cette conjoncture morose, le groupe Caterpillar poursuit la réduction de ses effectifs. Ceux-ci avaient été ramenés à 100.000 personnes à la fin du trimestre sous revue pour quelque 111.200 un an plus tôt. Parallèlement, environ 2.700 emplois intérimaires ont été supprimés. Par ailleurs, le fabricant d’engins de chantier prévoyait de fermer ou consolider plus de 20 sites. Depuis 2013, Caterpillar a déjà supprimé 31.000 emplois et fermé plus de 20 sites industriels de par le monde.

Le site de Charleroi, qui avait déjà fait l’objet d’une lourde restructuration début 2013 avec la suppression de quelque 1.400 emplois, s’est vu annoncer ce vendredi, la fermeture définitive de l’usine de Gosselies. Ce qui implique le licenciement collectif de quelque 2.000 travailleurs. D’après le plan du management, la production sera transférée vers Grenoble et d’autres usines hors Europe.

La santé de Caterpillar est étroitement liée à l’état de l’économie mondiale car le groupe de Peoria (Illinois, centre des USA) est présent sur trois métiers très cycliques: les travaux publics, l’énergie (moteurs et générateurs) et l’extraction minière. Cette exposition le fragilise dès que la croissance marque le pas ou qu’une grande économie tousse, comme c’est le cas actuellement de la Chine et du Brésil.

Plus spécifiquement, Caterpillar pâtit de la faiblesse du secteur minier dont la demande s’est tassée pour ses gigantesques camions qui permettent de transporter les minerais extraits.

Les ventes de ses machines et services liés au forage et à l’exploitation des puits de pétrole sont, elles, affectées par le plongeon des prix du pétrole.

Enfin, les achats de ses matériels de chantier par le secteur des travaux publics sont mous alors que tardent à démarrer de nouveaux chantiers dans les économies émergentes, tandis que la baisse des cours des produits agricoles a conduit à un recul des achats de machines par les fermiers.

Les choses ne sont pas près de s’arranger car les prix de matières premières comme le charbon, le minerai de fer et le pétrole ne montrent pas de signes de rebond.

A ceci s’ajoute le renchérissement du dollar, qui rogne les revenus engrangés à l’étranger par le groupe américain et rend ses produits et services moins attrayants pour des clients hors zone dollar.

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