Un mois de grève dans la première mine de cuivre au monde

La mine de cuivre Escondida au Chili. © Reuters

C’est le plus long conflit de son histoire : la grève sur le site chilien d’Escondida, première mine de cuivre au monde, entre jeudi dans son deuxième mois, sans perspective de sortie à court terme de cette crise scrutée par les marchés.

La mine, qui produit près de 5% du cuivre mondial en plein désert d’Atacama (nord), est paralysée depuis le 9 février après l’échec d’une négociation qui visait à renouveler les accords collectifs signés il y a quatre ans.

Les salariés, dont la précédente longue grève remonte à 2006 (25 jours d’arrêt de travail), réclament à l’entreprise – propriété du groupe anglo-australien BHP Billiton – le maintien des avantages négociés en 2013 et des temps de repos.

Ils refusent également que ces avantages ne profitent pas aux nouveaux embauchés, comme le souhaite la direction.

Enfin, ils exigent également un bonus d’environ 40.000 dollars et une hausse des salaires de 7%.

“Nous avons pris une décision, avec les travailleurs, d’être en grève le temps qu’il faudra. D’ailleurs, nous envisageons que la grève aille peut-être au-delà des 60 jours”, expliquait cette semaine aux journalistes le directeur du syndicat, Carlos Allendes, après s’être réuni à Santiago avec des représentants du ministère du Travail.

“Actuellement, il n’y a pas de négociations. Nous sommes au point mort mais nous sommes sereins”, avait-il ajouté.

La dernière réunion entre les deux parties a eu lieu il y a deux semaines, sans parvenir à aucun accord ni fixer de date pour une prochaine rencontre.

Tandis que les mineurs, installés dans un campement à proximité du gisement, en plein désert d’Atacama (nord), se déclarent prêts à tenir sur la longueur, la direction de BHP Billiton, qui vient de publier un bénéfice de 3,2 milliards de dollars pour le second semestre 2016, a, elle aussi, assuré être préparée pour un long conflit.

Les marchés à l’affût

Mardi, des représentants de la direction ont d’ailleurs déposé plainte contre le blocage du site par les grévistes.

“L’entreprise continue de prendre toutes les actions légales correspondantes face à des faits de violence”, a prévenu Patricio Vilaplana, vice-président du secteur Entreprises de la mine.

La mine Escondida, qui emploie 2.500 personnes, produit environ 927.000 tonnes de métal rouge par an.

La perspective de grève dans ce site majeur a déjà provoqué une hausse de 12% du prix du cuivre en janvier, après quatre ans de chute due à la moindre demande de la Chine, principal acheteur.

Et ce conflit social est particulièrement surveillé par les marchés : “La grève en cours à Escondida ne montre aucun signe de résolution, les tensions grimpant avec une flambée de la violence”, observait lundi, dans une note, l’analyste Dane Davis de Barclays.

Le 1er mars, un groupe de manifestants avait ainsi bloqué la route menant à la mine et trois d’entre eux ont été blessés, selon leur syndicat, quand la police est intervenue pour les déloger.

Cependant, souligne l’analyste, se disant “un peu surpris”, récemment les cours du cuivre ne semblent pas dopés par ce conflit, en raison d’inventaires déjà bien fournis et d’une demande chinoise en berne.

Unicredit observe une même tendance dans une note publiée mercredi : “Tandis que les prix du cuivre avaient réussi à passer la barrière des 6.000 dollars par tonne en février, ils ont replongé sous les 5.900 dollars la semaine dernière et sont même sous les 5.800 à l’heure où nous écrivons”.

Le mouvement de grève a jusqu’à présent empêché la production d’environ 110.000 tonnes de cuivre à Escondida. En février le Chili, premier producteur de métal rouge au monde avec près d’un tiers de l’offre globale, a vu sa production chuter de 12%.

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