Un échange de collaborateurs entre entreprises, une initiative réaliste ?

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Échanger son poste de cadre ou d’administratif chez Belgacom pour un poste chez Axa ou KBC, c’est ce que propose la plateforme Experience@Work, une initiative visant à garder actifs jusqu’à leur pension les employés de plus de 50 ans. Cette primeur européenne en terme d’emploi n’en est encore qu’au stade de projet, la législation devant encore être adaptée.

Via la plateforme Multi Company Mobility Center, appelée (MC)&, des collaborateurs séniors pourront travailler sur base volontaire pour des projets temporaires auprès d’autres entreprises participant au projet, tout en conservant leur contrat avec leur employeur initial. A l’heure actuelle, quatre grandes entreprises belges, AXA, KBC, Belgacom et SD Worx, adhèrent à ce projet de “prêt d’employés”, baptisé Experience@work, d’autres sociétés viendront bientôt les rejoindre. Cette initiative, une primeur en Europe, se base sur le modèle des mobility centers internes mis sur pied dans certaines sociétés. Elle est une réponse à la disparition du marché du travail belge de collaborateurs expérimentés alors que certaines entreprises ont besoin de leurs connaissances, indiquent les initiateurs du projet de la société de conseil en gestion HazelHeartwood.

En Belgique, seuls 39,5% des plus de 55 ans travaillent, contre 70% en Suède par exemple. “Une enquête interne nous a montré l’intérêt de nos collaborateurs plus âgés pour continuer à travailler, mais différemment, avec moins de charges de travail ou plus de flexibilité“, déclare Isabelle Sonneville, directrice des ressources humaines chez AXA. Des études internes menées chez Axa et KBC ont en effet révélé que les employés aspiraient à relever de nouveaux défis à ce stade de leur carrière.

Ce projet vise des experts aux compétences spécifiques, voire rares, qui occupent des fonctions de support en comptabilité, ressources humaines ou en informatique. Ils pourront entamer une mission dont la durée pourra varier de 2 mois à un an tout en gardant leur contrat avec leur société d’origine“, explique Paul Klibanski, senior advisor et initiateur du projet au sein de HazelHeartwood. “Cette plateforme fonctionnera en quelque sorte comme un club privé de prêt de forces vives de grande expertise“, précise le consultant.

Un risque d'”espionnage industriel”?

Cette procédure éveille cependant quelques craintes : la confidentialité des données et procédures de la société dans laquelle un employé détaché réalisera sa mission est-elle garantie ? Un collaborateur séduit par un autre environnement de travail ne sera-t-il pas tenté de quitter sa société initiale ? “Vu que les entreprises adhérentes font partie de secteurs très différents, le risque d’ ‘espionnage industriel’ est très limité. Ce système n’encourage pas non plus la fuite d’un expert car même sans cela, un employé peut partir à tout moment“, poursuit Paul Klibanski.

Experience@Work n’en est cependant qu’au stade du projet. La plateforme souhaite d’abord attirer plus d’entreprises et se heurte aussi à l’heure actuelle à un cadre législatif insuffisant. Les entreprises espèrent que le prochain gouvernement prendra notamment de nouvelles mesures sur la mobilité externe des collaborateurs, qui concerne aujourd’hui uniquement les échanges dans le secteur privé, mais également en faveur du maintien des droits acquis. “Des solutions juridiques de réserve existent pour concrétiser ce projet plus rapidement si la législation peine à l’avaliser “, ajoute Paul Klibanski.

Outre sa gestion par HazelHeartwood, ce projet est soutenu par Business & Society, le réseau d’affaires axé sur la responsabilité sociétale d’entreprise, et par le VDAB, le service d’emploi public en Flandre. Ses initiateurs espèrent pouvoir le concrétiser dans le courant de l’année 2015.

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