Tommy Hilfiger vendu : pourquoi tout le monde y gagne

Le groupe Phillips-Van Heusen, déjà propriétaire (entre autres) de Calvin Klein, vient de s’offrir Tommy Hilfiger pour 2,2 milliards d’euros suite à un accord avec le fonds de private equity Apax. La plus lourde opération du genre depuis des années dans le secteur… et d’où tout le monde paraît ressortir gagnant.

Positif pour Phillips-Van Heusen : un chiffre d’affaires considérablement boosté et une porte sur le Vieux Continent

La nouvelle marque de PVH devrait considérablement booster ses ventes. Au plus fort de son succès, dans les années 1990, le chiffre d’affaires annuel de Tommy Hilfiger atteignait 2 milliards de dollars aux Etats-Unis. Certes, la marque a, entre-temps, perdu beaucoup de sa superbe, mais elle a opéré un come-back remarqué en 2008 via un contrat d’exclusivité avec la chaîne Macy’s. Et ce, tout en s’étendant en Europe sous l’égide de son CEO, Fred Gehring, qui a notamment embauché une nouvelle équipe chargée du design en 2003, basée à Amsterdam.

Ensemble, PVH et Hilfiger devraient aujourd’hui engranger 4,6 milliards de dollars de revenus. Par ailleurs, “PVH pourrait doper certaines de ses marques en Europe, qu’il s’agisse d’Arrow, de Van Heusen ou d’Izod, où elles ne disposent essentiellement d’aucune visibilité”, avance Chris Kim, analyste chez JPMorgan Chase à New York, interrogé par Bloomberg.

Soulignons enfin que PVH s’en sort plutôt bien, si l’on en croit le même analyste. Avec un prix déboursé équivalent à 1,3 fois les ventes et 10,7 fois l’Ebit, “ce tarif est moindre que ce que l’on craignait, ce qui est très certainement un point positif pour PVH”. Les marchés ne s’y sont pas trompés, l’action PVH gagnant 11 % ce matin sur le New York Stock Exchange, soit deux tiers de sa progression depuis le début de l’année (17 %)…

Positif pour Tommy Hilfiger : une gestion plus solide tout en gardant le fondateur aux commandes du design

“Sur son marché domestique, PVH affiche une meilleure expertise dans la sphère des grands canaux de distribution et de magasins, ce qui les aidera à mieux gérer la marque Tommy Hilfiger”, avance encore Chris Kim.

La continuité de style est par ailleurs assurée, puisque le fondateur, qui créa la marque qui porte son nom en ouvrant sa première boutique alors qu’il était encore lycéen, en restera le principal designer.

Positif pour Apax : 1 milliard d’euros de plus-value en 4 ans

Le fonds de private equity Apax avait acquis Tommy Hilfiger en 2006 pour 1,2 milliard d’euros. Il le revend donc aujourd’hui pour 2,2 milliards. Durant le “règne” d’Apax, souligne le fonds dans un communiqué, “l’Ebitda est passé de 180 millions à 256 millions d’euros, tandis que la dette nette descendait de 4,3 fois à 1,5 fois l’Ebitda. Parallèlement, le nombre de salariés s’est accru de plus d’un millier d’unités, celui de magasins se voyant quasiment doublé, à 1.002 (contre 574).”

Ceci dit, Apax s’est engagé dans une opération plutôt inhabituelle pour un géant du private equity en acceptant que PVH règle environ 13 % de la somme en actions. La plupart des firmes de son genre préfèrent sortir d’une telle opération avec 100 % de liquide en poche. Pourquoi a-t-il donc renoncé à une introduction en Bourse, son projet initial selon certaines sources, au profit d’une vente pure et simple ?

Si l’on en croit le Wall Street Journal, cette décision découle de la taille même des entreprises en jeu. Hilfiger est en effet davantage valorisé que PVH, “qui affiche quelque 400 millions de dollars de dette et 350 millions de cash au total. PVH cherchera par ailleurs à refinancer entre 200 millions et 300 millions de dollars de dette existante, tout en ne se voyant pas contraint d’assumer la dette actuelle d’Hilfiger (505 millions de dollars), dont Apax demeurera responsable.”

V.D.

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