Taxe kilométrique: plus de la moitié des revenus provient des camions étrangers

© Internet

Plus de la moitié (54%) des revenus issus de la taxe kilométrique provenait en 2017 de camions immatriculés à l’étranger, indique Viapass dans son rapport annuel rendu public mardi.

Les camions étrangers ont ainsi payé 365 millions d’euros de taxes sur un total de 676 millions, ajoute l’organisme qui coordonne et contrôle la taxe kilométrique en Belgique. Quelque 800.000 camions, belges ou étrangers, sont à présent équipés de l’appareil OBU (On Board Unit), obligatoire en Belgique, et qui permet le calcul de la taxe.

En Flandre, la taxe a rapporté 424,4 millions d’euros. En Wallonie, où l’on parle de redevance (le montant perçu étant réinjecté dans l’entretien du réseau routier et non dans le budget général), 241,5 millions d’euros ont été perçus. La Région bruxelloise a récolté pour sa part 10,1 millions d’euros.

Les mois de mars, mai, juin, septembre, octobre et novembre sont ceux où les camions de plus de 3,5 tonnes ont parcouru le plus grand nombre de kilomètres. En moyenne, 140.000 camions circulent chaque jour ouvrable sur les routes belges, parcourant 24 millions de kilomètres et rapportant ainsi 2,4 millions d’euros, affirme Johan Schoups, administrateur-général de Viapass.

Etant donné que les boîtiers OBU sont actifs sur l’ensemble du territoire, ils fournissent de nombreuses informations. “A terme, ces données pourraient être utilisées pour bien d’autres choses que seulement la perception de la taxe”, estime M. Schoups, ajoutant que Viapass agit dans le cadre de la législation sur la vie privée. Par exemple, il est tout à fait possible d’obtenir des informations anonymisées sur la circulation routière, prédire les embouteillages, surveiller l’état d’une route et avertir du moment où un entretien préventif est nécessaire ou encore déterminer si une aire d’autoroute affiche complet.

L’administrateur-général estime par contre qu’un assouplissement du système de tarification (en fonction de la densité de circulation ou de l’heure) n’aurait aucun sens si ce système n’était pas élargi aux voitures individuelles.

La taxe kilométrique pour les camions de plus de 3,5 tonnes est en vigueur depuis le 1er avril 2016, soit un peu plus de deux ans. Selon M. Schoups, tout a bien fonctionné dès le premier jour. “Il y a eu très peu de cas de fraude. Dans 99,4 % des cas, le boîtier OBU est utilisé correctement. Et les 0,6% restants ne concernent pas nécessairement des cas de fraude : une carte de crédit dont la date d’expiration est dépassée, un mauvais OBU utilisé après un changement de véhicule, un conducteur qui a branché l’OBU sur l’allume-cigare après avoir constaté que la batterie était déchargée, etc.”

Selon Viapass, la taxe kilométrique est également un bon indicateur de la santé de l’économie belge. “Le nombre de kilomètres parcourus a augmenté de 3,4% par rapport à l’année précédente et le montant récolté a augmenté de 3,17%. Cela signifie que l’économie se porte bien.”

Par ailleurs, la crainte évoquée que l’introduction de la taxe kilométrique allait inciter les camions à éviter ou contourner le territoire belge s’est révélée sans fondement, ajoute Viapass. En outre, l’affirmation selon laquelle les gros camions ont été remplacés par des camionnettes qui ne sont pas assujetties à la taxe ne se confirme pas dans les chiffres. Selon Viapass, le fait qu’il y a plus de camionnettes en circulation est à mettre en rapport avec le développement du commerce en ligne. Viapass conteste également la critique selon laquelle la taxe kilométrique augmenterait le trafic sur le réseau secondaire. “Vous devez également mettre cette affirmation en contexte. Certains systèmes GPS permettent simplement d’éviter les embouteillages, et ne prennent pas en compte la taxe kilométrique.”

La redevance kilométrique a également contribué à verdir la flotte des poids lourds. Ainsi, l’année dernière, près de la moitié (46%) des camions équipés d’un OBU étaient de la catégorie Euro 6, la plus respectueuse de l’environnement, contre seulement un sur trois (34%) un an plus tôt. Les camions les plus respectueux de l’environnement sont en effet privilégiés dans les tarifs.

Johan Schoups se dit très fier du système de péage belge qui, selon lui, est devenu leader en Europe. “Nous avons été les premiers à mettre en place ce système qui pourrait aboutir à une solution pour tous les pays européens. La Belgique est prête pour cela.”

Partner Content