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Take Eat Easy: trois leçons à tirer d’une belle aventure

L’aventure Take Eat Easy s’achève. La société s’est placée en redressement judiciaire, n’ayant pas été en mesure de convaincre de nouveaux partenaires d’apporter les indispensables capitaux frais. L’histoire rebondira peut-être sous une autre forme ou avec une intégration dans un groupe plus puissant. Mais en attendant, elle s’achève. Tirons-en trois leçons.

La première concerne les quatre amis qui ont fondé l’entreprise en 2013 à Bruxelles. Ils ont été souvent cités en exemple pour le succès de leur initiative, qui venait d’atteindre le seuil du million de commandes. Ils doivent continuer à l’être après l’échec attesté de cette semaine. Ils ont eu une idée, ils l’ont développée, ils ont pris des risques, ils ont fourni du boulot à des centaines de personnes, cela mérite largement d’être cité en exemple même si, en fin de compte, tout n’a pas réussi comme ils l’espéraient.

Trop souvent chez nous, les entrepreneurs en difficulté deviennent quasiment des pestiférés, rejetés par les banques et par leurs confrères. Prenons plutôt au mot ces ministres, ces économistes, ces fédérations patronales qui parlent volontiers de l’entrepreneuriat de la seconde chance, de la capacité d’apprendre de ses erreurs et d’en sortir plus fort. Rappelons cette étude de Stanford et de l’Université du Michigan qui démontrait sur la base d’un échantillon de deux millions de PME suivies sur 20 ans, que l’entrepreneur qui recréait une activité après un échec affichait alors un taux de réussite largement supérieur à la moyenne. Et donc quand Chloé et Adrien Roose, Karim Slaoui et Jean- Christophe Libbrecht viendront avec de nouvelles idées, il faudra les écouter encore plus attentivement qu’hier.

Le monde politique a pris des initiatives face à ce défi de la “seconde chance”. La Région wallonne a ainsi développé un produit financier spécifique, pouvant couvrir jusqu’à 80 % des besoins pour le démarrage de l’entreprise. Il a déjà été sollicité pour plus de 40 projets d’entrepreneurs ayant connu une première faillite. Le mécanisme est financé grâce à des fonds européens.

Take Eat Easy et d’autres ont démontré la capacité à faire grandir des innovations au départ de la Belgique

La deuxième concerne les citoyens qui songent à investir dans les start-up. Ce monde des petites idées géniales fait rêver mais le taux de mortalité y est très élevé. Alors, certes, des investissements dans ces jeunes entreprises peuvent rapporter bien plus qu’un placement sur un livret d’épargne, mais ils peuvent aussi vous faire tout perdre. Il ne faut pas fuir le risque mais apprendre à le gérer. L’appui des pouvoirs publics, qui octroient désormais des avantages fiscaux pour les prêts et investissements dans les jeunes entreprises, est ici le bienvenu car il peut faire pencher la balance en faveur de la prise de risque. Et notre société a besoin de cette prise de risque, des paris parfois un peu fous dans l’économie, la culture ou ailleurs.

La troisième leçon concerne tout simplement notre pays. Take Eat Easy et d’autres ont démontré la capacité à faire grandir des innovations au départ de la Belgique. Trends-Tendances détaille régulièrement les impressionnantes levées de fonds, réalisées par des start-up belges, ainsi que les projets qui sortent des incubateurs et autres structures dédicacées installées autour des universités. Il ne faudrait pas qu’une expérience malheureuse refroidisse cet enthousiasme et freine le patient maillage d’un tissu économique renouvelé.

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