Ski: les saisonniers font les frais du manque de neige

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En ce début d’hiver, tous les saisonniers n’ont pas retrouvé le chemin des stations de ski dans les Alpes et beaucoup sont au chômage partiel, conséquence d’un manque de neige massif qui affecte tous les secteurs d’activité.

À Aussois en Savoie, à 1.500 mètres d’altitude, Julien, pisteur de 23 ans et infirmier de profession, s’est vu notifier la veille de sa prise de fonction le report de sa promesse d’embauche de 12 semaines. “Il y a beaucoup de monde dans mon cas”, souligne-t-il en déplorant une incertitude, chaque saison, “difficile à gérer”.

Le jeune homme qui entame sa troisième saison et enchaîne les remplacements a dû avancer un mois de loyer pour un logement qu’il n’occupe pas. “Ce n’est pas correct et mal organisé”, peste-t-il, expliquant ne pas avoir d’ancienneté dans cette station familiale, contrairement à certains collègues qui ont ainsi la certitude de l’emploi.

Pour l’heure, six saisonniers n’ont pas été embauchés à Aussois. “On a tous demandé à faire moins d’heures pour qu’ils le soient mais la direction a refusé”, regrette François Xuereb, 32 ans, saisonnier et délégué CGT dans la station depuis six ans.

La semaine dernière, le syndicat a écrit aux préfets pour préconiser “la mise en oeuvre de l’activité partielle” et “la bonne application de la convention collective” du secteur. Celle-ci impose aux employeurs de fixer, dans les contrats de travail, une date-butoir à laquelle le saisonnier sera embauché quoi qu’il advienne, même si l’activité est fortement réduite ou nulle.

“Cette date est décidée au cas par cas et n’est pas la même partout. Seules les stations de petite taille, ayant moins de 20 salariés, n’ont pas cette obligation”, détaille Laurent Reynaud, directeur de Domaines skiables de France, qui regroupe l’ensemble des opérateurs français.

– ‘Partager le travail au maximum’ –

Ces dernières peuvent en effet maintenir le report d’embauche tant que de bonnes conditions de travail ne sont pas réunies à leurs yeux. Mais ailleurs, en dépit de “conditions climatiques exceptionnelles”, l’activité partielle “permet de faire tourner sur les différents postes les saisonniers qui se partagent le travail au maximum de leurs compétences”, assure Laurent Reynaud.

C’est le cas aux Ménuires ou à Méribel en Savoie, où “tous ont été embauchés” selon les syndicats, ou à L’Alpe d’Huez (Isère), où les 300 saisonniers prévus ont pris leurs postes moyennant une réorganisation des tâches “très mineure”, Christophe Monier, directeur général de la société d’exploitation du domaine.

Même chose à Valmorel, station moins élevée en Savoie, où en dépit du peu de neige sur les pistes — seules 11 des 32 remontées mécaniques fonctionnent — la mise en oeuvre du chômage partiel se fait “sans accroc”, notent les syndicats.

“Nous maintenons 70% de notre rémunération brute alors que l’entreprise pourrait nous faire chômer à 50%. Certains vont par exemple renforcer l’office du tourisme”, explique Carole Pierre, 48 ans, saisonnière au sein de la station et déléguée CGT depuis 1990.

Cette saison, sur les 150 saisonniers attendus à Valmorel, 135 sont à l’oeuvre. Les autres arriveront le 2 janvier, à l’expiration de la période réglementaire de report d’embauche. “Les contrats ont débuté le 18 décembre. Une fois l’embauche effective, ils sont ensuite sécurisés sur 17 semaines”, précise la syndicaliste.

Pour elle, les conditions de travail sont acceptables au regard de la météo actuelle. “Il ne faut pas dramatiser la situation. Si dans trois semaines, la neige n’est toujours pas là et si la douceur empêche la production de neige de culture, on passera de 70% à 50% d’activité”, prévoit-elle. Même si “à terme, cette situation favorisera les stations de haute altitude”.

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