Scandale VW: nouveaux mensonges, nouvelles révélations et encore une gifle en Bourse

© Reuters

Après le trucage à grande échelle de ses moteurs diesel, Volkswagen a avoué mardi de nouveaux mensonges, précipitant le géant allemand de l’automobile encore un peu plus dans la crise, avec une nouvelle gifle en Bourse.

Volkswagen, colosse aux 12 marques et 600.000 salariés dans le monde, fleuron de l’industrie allemande, a fait état d'”irrégularités” sur les émissions de dioxyde de carbone de 800.000 voitures dans le monde, ajoutant un nouveau volet au scandale retentissant qui l’ébranle depuis mi-septembre.

La sanction a été immédiate en Bourse, où le titre perdait 9,10% à 100,90 euros à 10H58 GMT, amenant à près de 40% sa chute en six semaines.

Concrètement, les émissions de CO2 – déterminant dans le réchauffement climatique – de véhicules de marque VW, Skoda, Audi et Seat avec des moteurs diesel et un modèle essence, sont plus élevées que ce que Volkswagen promet sur le papier.

Le quotidien allemand FAZ, citant mercredi des documents internes de Volkswagen, donnait en exemple la Golf Blue Motion de VW, qui émet en réalité plus de 100 grammes de CO2 par kilomètre, au lieu des 90 g/km affichés dans les spécifications techniques du modèle.

Le plafond imposé par les normes européennes est de 130 g/km, et doit baisser progressivement pour passer à l’horizon 2020 à 95 g/km.

Secret de Polichinelle

ONG et régulateurs s’inquiètent depuis longtemps d’émissions de CO2 supérieures dans la réalité à ce que publient les constructeurs. L’agence française de l’environnement Ademe évoquait il y a peu pour l’AFP des écarts de 20% à 30% entre les tests de laboratoire et la réalité, et l’ONG Transport & Environment (T&E) a mesuré un différentiel de 40% sur les voitures immatriculées en Europe en 2014.

“Ce n’est pas étonnant que les émissions de CO2 dans les transports stagnent à haut niveau (…) si les voitures ne sont de plus en plus propres que sur le papier”, a réagi Greenpeace, dénonçant “les mensonges du secteur automobile”.

Mais même si l’écart entre les faits et les promesses sont un secret de polichinelle, leur officialisation tombe au pire moment pour Volkswagen.

Le mensonge – qui contrairement à la fraude dévoilée il y a six semaines n’implique pas le recours à un logiciel truqué ou autre manipulation – a été découvert à la faveur de l’enquête interne en cours dans le groupe, où le nouveau patron Matthias Müller a promis de tout remettre à plat.

Mi-septembre Volkswagen, démasqué par les autorités américaines, avait avoué avoir équipé le moteur diesel de 11 millions de véhicules dans le monde d’un logiciel capable de fausser les résultats des tests antipollution. Les voitures concernées émettent en réalité beaucoup plus d’oxydes azote (Nox), autre gaz polluant, qu’elles ne devraient.

Ces véhicules doivent être rappelés pour être remis aux normes, il en coûtera des milliards d’euros à Volkswagen. Le groupe doit en outre s’attendre à des pénalités, et va être l’objet d’une kyrielle de procès, de clients floués et d’actionnaires qui ont laissé des plumes dans la dégringolade du cours de Bourse.

“Qui a menti une fois …”

Volkswagen, dont les résultats ont viré au rouge au troisième trimestre du fait du scandale, évalue à 2 milliards d’euros le “risque financier” supplémentaire de cette nouvelle affaire dans l’affaire, anticipant que certains clients voudront être remboursés.

Les révélations sur le CO2 sont arrivées seulement un jour après de nouvelles accusations proférées par les autorités américaines à l’encontre des moteurs diesel: selon l’agence pour l’environnement EPA, Volkswagen aurait triché aussi sur les émissions de Nox avec des moteurs de 3 litres, et pas seulement des moteurs plus petits comme connu jusqu’ici.

Volkswagen a démenti l’installation d’un logiciel truqueur, mais “celui qui a menti une fois, on ne le croit plus”, commentait le FAZ dans un éditorial.

Ces reproches mettent les projecteurs sur M. Müller, arrivé aux manettes au pied levé en septembre et ancien patron de Porsche, une marque désormais dans le viseur de l’EPA.

“Tout cela fait mal, c’est très désagréable”, commentait dans les colonnes du Handelsblatt Stephan Weil, chef du gouvernement de l’Etat de Basse-Saxe actionnaire de Volkswagen. “Maintenant vraiment tout doit être mis sur la table”, a-t-il plaidé.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content