Salaires en hausse : chaos en vue ?

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Les salaires augmentent un peu partout en Europe. Les pays champions des hausses ? La Bulgarie (+ 7,6 %) et la Roumanie (+ 5,4 %). C’est l’effet d’un rattrapage qui pourrait toutefois devenir chaotique.

A long terme, tous les pays européens devraient vivre dans des économies de niveau comparable. C’est du moins la théorie de la convergence qui sous-tend l’Union européenne. Elle semble s’illustrer avec la hausse des coûts salariaux horaires relevée par Eurostat, le département statistique de la Commission. Elle s’élève, en moyenne, à 2 % pour tous les pays de l’Union (1,6 % pour ceux de la zone euro). Les derniers adhérents, la Bulgarie et la Roumanie, affichent les hausses les plus fortes, avec 7,6 % et 5,4 %.

Cet écart très net illustre l’un des effets théoriques attendus de l’adhésion de nouveaux pays membres dans l’Union européenne : la convergence des économies et, en particulier, des salaires. Les pays plus riches investissent leur épargne dans les nouveaux pays membres, où les coûts plus bas font miroiter une rentabilité supérieure, dans le cadre stabilisé de l’Union européenne.

Une mauvaise nouvelle ?

“Cette théorie s’est illustrée dans les années récentes, indique Etienne de Callataÿ, chief economist de la banque Degroof. Mais cela peut aussi cacher une mauvaise nouvelle.”

Les pays de la zone euro illustrent les couacs de la méthode. L’union monétaire devait augmenter l’effet de convergence, “et nous avons observé, en effet, que les pays les moins avancés enregistraient une hausse salariale plus élevée. Mais la productivité est restée en arrière, d’où une perte de compétitivité. Et ils n’avaient plus la soupape de la dévaluation monétaire pour corriger le tir.”

D’où les couacs grecs et portugais. Les nouveaux pays européens, qui sont généralement hors de la zone euro, bénéficient encore du levier de la monnaie pour ajuster leur situation. Mais cela ne va pas sans mal : “Si vous prenez le cas de la Hongrie, on a pu voir une anticipation très risquée de la convergence. Beaucoup de ménages ont contracté des emprunts hypothécaires en euro ou en francs suisses, à taux très bas, en espérant aussi profiter d’un possible enchérissement de la monnaie hongroise.” C’est tout l’inverse qui s’est produit et le pays connaît de graves difficultés.

Robert van Apeldoorn

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