Ryanair s’attend à un accord avec les syndicats de pilotes belges dans les prochains mois

Michael O'Leary. © Belga

Ryanair s’attend à pouvoir conclure un accord dans les mois à venir sur une représentation syndicale des pilotes de la compagnie aérienne irlandaise basés en Belgique, a confié mardi, depuis Bruxelles, son CEO Michael O’Leary.

Les pilotes s’exprimeront d’ailleurs cette semaine sur la proposition de la direction d’augmentation salariale jusqu’à 20%.

Ryanair a débuté fin 2017 un processus de reconnaissance des syndicats de pilotes à travers l’Europe. Un accord est depuis lors déjà intervenu au Royaume-Uni et un autre devrait suivre prochainement en Italie et en Espagne. De premières négociations concernant le personnel de cabine ont par ailleurs commencé.

“Nous avons vécu 30 ans sans syndicats à Ryanair. Avec la croissance que nous avons, il était impossible de continuer dans cette situation”, a reconnu Michael O’Leary. Le processus ne débute que lorsqu’une majorité de pilotes souhaite une telle reconnaissance, a-t-il encore expliqué. “Quand les demandes ne sont pas crédibles ou ridicules, nous les refusons”, a-t-il également précisé.

En Belgique, une première réunion au sujet des pilotes a eu lieu en janvier dernier, en présence de la direction de la compagnie, du syndicat chrétien (CNE et LBC-NVK), de quatre pilotes de Ryanair et d’un juriste de l’association de pilotes BeCA (Belgian Cockpit Association). L’entreprise irlandaise y avait alors proposé une augmentation salariale pouvant aller jusqu’à 20%, dans la lignée des autres pays. Aucune reconnaissance formelle des syndicats n’est cependant encore intervenue.

Quant au personnel de cabine, les négociations débuteront l’an prochain, selon le patron irlandais.

Les pilotes s’exprimeront cette semaine sur la proposition en question. Les résultats seront probablement présentés jeudi par BeCA. “La plupart des pilotes de Charleroi et de Zaventem l’approuveront”, a déjà prédit mardi Michael O’Leary. Un optimisme qui n’est toutefois pas partagé par les syndicats.

Le CEO de Ryanair a souligné à plusieurs reprises mardi que cette augmentation salariale et la discussion sur une reconnaissance des syndicats sont deux sujets totalement distincts. Là non plus, les organisations représentatives des travailleurs ne sont pas sur la même longueur d’onde. Elles craignent que la proposition sur le salaire constitue une forme de “montant d’achat” afin d’ensuite pouvoir balayer les demandes syndicales.

Que les syndicats demandent des contrats belges est un point crucial, a reconnu Michael O’Leary. “En tant que compagnie aérienne irlandaise, nous continuerons à travailler avec des contrats irlandais”, a-t-il cependant réaffirmé. Les discussions se poursuivent malgré tout, a-t-il ajouté, et un accord devrait suivre dans les prochains mois.

Au niveau global, l’entreprise à bas coûts s’attend à devoir débourser cette année 100 millions d’euros en plus en coûts de main-d’oeuvre pour les pilotes et le personnel de cabine. Elle maintient toutefois ses prévisions de bénéfice: entre 1,4 et 1,45 milliard d’euros.

A l’approche de la période de Pâques, le patron de Ryanair a répété qu’il n’excluait pas des actions dans les semaines à venir là où les négociations se dérouleraient difficilement. En décembre dernier, son entreprise avait ainsi connu sa toute première grève de pilotes, en Allemagne, après l’échec de discussions sur les conditions de travail collectives.

“Nous travaillons pour que cela ne se produise pas. Mais je le redis, la situation que nous avons connue en septembre et octobre dernier est différente”, a-t-il relevé. A l’époque, la compagnie avait annoncé l’annulation d’environ 18.000 vols entre novembre et avril à cause de problèmes d’horaires avec les pilotes de la compagnie. Mais le CEO l’assure: il ne manquait et ne manque pas de pilotes. Ryanair en emploie près de 4.000.

Des centaines de voyageurs belges avaient été touchés par ces annulations. Certains d’entre eux ont fait appel à la société Happy Flights, spécialisée dans la récupération, au nom de passagers, d’indemnisations dues pour des vols retardés ou annulés. “On ne répondra pas à des réclamations d’organisations d’avocats chasseurs de victimes”, a déjà prévenu Michael O’Leary. Ce dernier assure respecter la loi et a rappelé les contacts qu’il a eus avec le cabinet du ministre des Consommateurs Kris Peeters.

“Si le consommateur introduit directement une plainte chez nous, on réglera ça avec lui. Pas avec une tierce partie qui prend de 30 à 50% de commission sur le remboursement du consommateur…”, a-t-il lancé à l’encontre des éventuels intermédiaires dans ces dossiers. D’après lui, ceux-ci ne fourniraient d’ailleurs “aucun service” et prendraient une commission “pour envoyer un email ou un fax” à Ryanair.

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