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‘Ralentir ou mourir’

Les deux semaines de congé de Pâques sont un vrai plaisir pour ceux qui vivent dans une capitale comme Bruxelles. D’abord, la circulation est enfin fluide et rien que cela, ça rend les journées plus agréables. Et ensuite, les sollicitations des clients, fournisseurs, collègues sont souvent un peu moins pressantes, ce qui nous permet à tous de lever enfin un peu le pied.

Comme beaucoup, j’adore mon métier et en particulier cette chronique qui me fait me lever avec un immense plaisir chaque jour de la semaine à 05H30. Mais en parlant hier avec un ami banquier d’affaires, je me suis souvenu qu’il avait échappé à la mort de très peu. Un bête accident lié en partie au surmenage et à la malchance. Après revalidation, il me disait qu’il avait hâte de revenir au boulot.

Je me suis alors souvenu du remarquable texte rédigé par Arianna Huffington sur ces personnes, dont elle faisait partie, qui ne veulent jamais déconnecter. Elle écrivait à juste titre qu’il fallait voir notre vie comme un éloge funèbre et non pas comme un CV. En effet, l’éloge funèbre est souvent la première réflexion écrite officielle sur ce qu’a été notre existence. C’est ainsi en principe qu’on se souviendra de nous, que nous continuerons à vivre dans le coeur d’autrui.

Pourquoi accordons-nous une part aussi importante de notre temps limité sur terre à des activités que notre oraison funèbre ne mentionnera jamais ?

Pourquoi est-ce que j’insiste sur cette différence entre CV et éloge funèbre ? Parce que vous n’entendrez jamais quelqu’un dire à un enterrement: “la grande réussite de sa vie a été d’être nommé directeur général” ou “elle n’arrêtait jamais de travailler, elle ne quittait même pas son bureau pour déjeuner”, ou “il n’a jamais pu assister aux matchs de foot de son fils parce qu’il avait plusieurs chiffres à vérifier”, et encore “elle n’avait pas de vrais amis, mais avait six cents amis Facebook et répondait tous les soirs à tous les e-mails que contenait sa boîte”, voire “ses présentations PowerPoint étaient toujours méticuleusement préparées”. En réalité, vous l’avez compris, les éloges funèbres parlent toujours d’autre chose, de ce que nous avons donné, des relations amicales que nous avons entretenues avec les autres, de ce que nous représentions pour nos amis et notre famille, de nos passions durables, de ce qui nous faisait rire.

Par conséquent, durant cette période de congé, mon message vise évidemment les personnes réellement surmenées, pas les tire-au-flanc bien entendu. La question de la femme d’affaires américaine Arianna Huffington est plus que jamais d’actualité: pourquoi accordons-nous une fraction aussi importante du temps limité qui nous est imparti sur cette terre à toutes les activités que notre oraison funèbre ne mentionnera jamais ? Et c’est une femme qui a très bien réussi dans les affaires qui pose la question. Question qu’elle s’est posée le lendemain du jour où, victime de la fatigue et du manque de sommeil, elle a failli quitter cette terre. En effet, elle est tombée d’épuisement en avril 2007, et sa tête a heurté l’angle de sa table de travail. Fort heureusement, elle a pu sortir de son coma. Je ne peux que vous conseiller de lire son livre traduit en français sous le titre “S’épanouir”, aux éditions Fayard. C’est une belle lecture de sagesse pour les vacances de Pâques, un cadeau spécial pour hommes et femmes stressés.

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