Quelles sont les “pires entreprises” du monde ?

Greenpeace Suisse et l’ONG Déclaration de Berne ont décerné le 11e Public Eye Award, un “prix de la honte” destiné à dénoncer des entités “dont l’attitude irresponsable envers les êtres humains et l’environnement représente la face sombre d’un libéralisme effréné soumis au culte du rendement”. Cette année, ce sont Roche et Royal Bank of Canada qui ont été cloués au pilori, au coude à coude avec GDF Suez.

Roche et Royal Bank of Canada ont été désignés pires entreprises de l’année sur le plan écologique et social, ont annoncé mercredi à Davos Greenpeace et l’ONG Déclaration de Berne, organisateurs du prix Public Eye Awards. “Au terme d’un coude à coude avec GDF Suez, Roche remporte aussi le prix du public décerné au moyen d’un vote en ligne qui a compté plus de 20.000 participants”, précisent-ils. Le premier Greenwash Award est quant à lui attribué au CEO Water Mandate, “un projet très douteux de l’ONU”.

Ce 11e Public Eye veut ainsi dénoncer – en les “distinguant” – deux entreprises et une institution “dont l’attitude irresponsable envers les êtres humains et l’environnement représente la face sombre d’un libéralisme effréné soumis au culte du rendement”.

“La crise financière durable a mis en évidence de façon implacable les erreurs systémiques du capitalisme tel que nous le connaissions, indiquant ainsi la voie d’une thérapie possible”, a déclaré, dans un message vidéo, le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz, qui n’a pas pu prendre part à la cérémonie. “Les fondamentalistes du marché sont déjà à l’affût et tentent d’affaiblir la nouvelle prise de conscience politique”, a-t-il néanmoins averti.

Royal Bank of Canada, “principal financier des producteurs du pétrole brut le plus sale du monde”

La Banque royale du Canada, plus grande entreprise canadienne en termes de chiffre d’affaires et lauréate du Global Award, “elle est mise au pilori pour son rôle en tant que principal financier des producteurs de pétrole à partir des sables bitumineux, précisent les organisateurs. Dans la province de l’Alberta, sur une superficie plus grande que la Suisse et l’Autriche réunies, “ces producteurs exploitent le pétrole brut le plus sale du monde.”

Dans son discours de présentation, Brant Olson, du Rainforest Action Network de Californie, dénonce “l’une des plus graves atteintes à l’environnement du 21e siècle” et somme les bailleurs de fonds de “renoncer définitivement à cette industrie médiévale nocive pour le climat”.

Roche, auteur, en Chine, d'”études scandaleuses” sur des greffes d’organes “provenant de condamnés à mort”

Roche fait coup double en remportant à la fois le Swiss Award et le People’s Award, une double distinction qui “montre que le jury de spécialistes et les internautes jugent avec la même sévérité les pratiques de l’entreprise pharmaceutique bâloise en Chine”. Selon Greenpeace Suisse et la DB, Roche teste en effet, dans ce pays, l’efficacité du Cell Cept, “médicament visant à prévenir le rejet d’un organe après une greffe. Or, 90 % des organes transplantés en Chine proviennent de prisonniers condamnés à mort.”

Problème : “Roche ne peut ou ne veut pourtant pas confirmer la provenance des quelques 300 organes utilisés pour ses tests.” Patrick Durisch (Déclaration de Berne) dénonce dès lors “le triomphe particulièrement cynique de la recherche du profit sur les droits de l’homme” et demande “l’arrêt immédiat de ces études scandaleuses”.

GDF Suez, acteur dans la construction du barrage Jirau sur le Rio Madeira, un projet “qui cause de nombreux problèmes”

Plus près de nous, GDF Suez, s’il n’a pas remporté de prix, n’échappe pas à l’ire des organisateurs des Public Eye Awards : “Malgré l’opposition de la population locale et les critiques virulentes de la société civile brésilienne, péruvienne et bolivienne ainsi que celles de l’office pour la protection de l’environnement compétent, GDF Suez, qui appartient en partie à l’Etat français, participe de manière déterminante à la construction du barrage Jirau sur le Rio Madeira.”

Or, ce projet gigantesque “cause de nombreux problèmes. Plusieurs milliers d’indigènes seront déplacés de force et des surfaces forestières importantes seront défrichées. De plus, le fleuve et les régions qu’il traverse seront empoisonnés au mercure. La disparition de plusieurs espèces de poissons et une recrudescence de la malaria seront inévitables.”

Bref, selon Greenpeace et la DB, “GDF Suez viole non seulement le droit du travail brésilien mais également les standards internationaux. Par une politique de lobbying sans scrupule, le géant de l’énergie peut enfreindre les lois en vigueur en toute impunité et n’accorder que des garanties sociales et environnementales minimales.”

CEO Water Mandate, coupable de poursuivre, “sous le logo de l’ONU leur politique de privatisation de l’eau”

Pour la nouvelle catégorie du Greenwash Award, le jury de spécialistes a décidé d’épingler le CEO Water Mandate, une initiative lancée dans le cadre du Pacte mondial de l’ONU. Ce club “réunit des agences de l’ONU, des ONG et des entreprises pour lesquelles l’eau représente la principale matière première. Des entreprises comme Nestlé, Coca-Cola et Dow Chemical en font partie et prétendent ainsi lutter contre la crise de l’eau.”

Elles ne font en réalité, comme le souligne Ricard Girard de l’Institut Polaris au Canada, “que poursuivre sous le logo de l’ONU leur politique de privatisation de l’eau”, sans tenir compte des normes écologiques et sociales contraignantes.

Trends.be

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content