Pourquoi Thalys réduit son offre sur Paris, Amsterdam et suspend la dorsale wallonne ?

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Ce n’est pas seulement la dorsale wallonne qui est affectée par les soucis de matériel de Thalys. Mais aussi les lignes Bruxelles-Paris et Bruxelles-Amsterdam, où l’offre a été réduite. Les rames posent trop de soucis de fiabilité.

La suspension pour quatre mois du Thalys Paris-Mons-Charleroi-Namur-Liège a provoqué une levée de boucliers en Wallonie. Mais ce n’est qu’un élément dans un programme de réduction forcé de l’offre par Thalys. En cause : des problèmes de fiabilité du matériel, qui impose un examen approfondi de chaque rame, qui prend plusieurs semaines, effectué par la SNCF.

Thalys International, qui appartient à 62% à la SNCF, à 28% à la SNCB et à 10% à la DB, a des soucis avec ses 26 rames à grande vitesse de couleur bordeaux. Elles sont prévues pour “tenir” 30 ans, sont en service depuis 1996, et arriveront à leur révision générale de mi-parcours d’ici deux ans. Mais les soucis techniques s’accumulant, un programme de vérification et de réparation est mis en route anticipativement. Avec la conséquence que l’entreprises et ses réseaux actionnaires sont forcés de réduire l’offre (presque) partout. Chaque train doit être révisé pendant plusieurs semaines dans un processus de “chaine de fiabilité”. “C’est un choix difficile, mais nous avons voulu donner la priorité à la régularité” indique Patricia Baars, porte-parole de Thalys International.

De 7% à 10% des sièges en moins sur Bruxelles Paris
Non seulement l’aller-retour de la dorsale wallonne est supprimé, du 12 novembre 2012 à la fin mars 2013, ainsi que la dorsale flamande qui relie Ostende et Bruges à Paris. Mais des fréquences ont été supprimées depuis juillet dernier entre Bruxelles et Amsterdam, desservie 9 fois par jour, alors que les horaires allaient jusqu’à 10 dessertes. L’offre a aussi été réduite sur Bruxelles-Paris depuis l’été de manière moins visible. Certains trains composés de deux rames couplées n’en comptent plus qu’une seule, mais les fréquences ont été maintenues. Cela correspond à une baisse de l’offre de sièges de 7% à 9%. Ce recul de l’offre sur ces deux lignes durera jusqu’en juillet 2013.

“La situation est aggravée par la mise hors d’usage d’une rame, dont la réparation prendra deux ans” indique Michel Jadot, manager de SNCB Europe. Les moteurs ont été grillés. Thalys ne dispose donc que de 25 rames sur un parc de 26. Dans l’aérien, ce genre de souci se règle plus aisément par la location d’avions de rechange, puisque le matériel est standard dans le monde entier et l’offre abondante. Mais dans le ferroviaire, l’offre de rechange est très réduite, car le matériel est adapté aux réseaux parcourus. La SNCF fournit parfois des rames pour de courtes périodes, mais il était impossible de trouver des TGV adaptés au réseau belge (tri-courant) pour une période de 6 mois.

Seule l’Allemagne est épargnée
Toutes les lignes ont vu leur offre réduite, sauf celles vers l’Allemagne, en raison de la forte fréquentation de ces rames (85%), avec 5 fréquences quotidiennes. La ligne est aussi desservie par DB, qui est actionnaire de Thalys International, mais qui n’a pas caché ses ambitions de concurrence sur le passager international. Il n’y avait pas moyen de réduire l’offre de la dorsale wallonne sans supprimer la liaison puisqu’il n’y a qu’un aller sur Paris le matin et un retour en fin de journée… Sa fréquentation est plutôt bonne, selon la SNCB, meilleure qu’elle ne l’a été dans le passé. La SNCB reçoit un subside des Régions pour les dessertes locales, qui est suspendu pendant les périodes où le service est arrêté.

Pas de suppression de la dorsale wallonne
Plusieurs élus wallons, dont la député fédéral Denis Ducarme (MR), ont protesté contre la décision sur la dorsale wallonne, craignant qu’elle n’anticipe une suppression pure et simple de la desserte. “Il n’en est pas question, ce n’est pas le sujet” souligne Patricia Baars, de Thalys International. Michel Jadot, patron de SNCB Europe, confirme. “C’est une liaison importante. Sa fréquentation est bonne, supérieure à ce qu’elle a été” dit-il. La ligne ne gagne pas d’argent, mais permet aux Montois ou aux Namurois d’avoir une liaison vers Paris sans devoir faire le détour par Bruxelles.

Les rames Thalys n’appartiennent pas à Thalys International, mais aux sociétés de chemin de fer actionnaires. Il n’y a pas de projet de les remplacer, comme le fait Eurostar pour les trains transmanche. Ce transporteur qui, lui, est un opérateur à part entière, où la SNCF est majoritaire, possède ses trains. Il a commandé des rames Siemens. Le contexte est différent. Les rames actuelles, en service depuis 1994, sont adaptées au gabarit un peu plus petit du réseau britannique, où il circulait naguère entre le tunnel et Londres. Maintenant qu’une ligne à grande vitesse est mise en service sur ce tronçon, les rames peuvent prendre un gabarit un peu plus grand, donc recevoir plus de passagers, une centaine de plus. Les rames Thalys devraient pouvoir rouler pendant 30 ans (au moins), moyennant des révisions et des rénovations régulières. L’intérieur des rames a été totalement refait ces dernières années.

Robert van Apeldoorn

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