Pourquoi Luc Duchêne a échoué

© LucDuchene

La griffe belge Luc.Duchene a annoncé ce lundi la cessation de ses activités. Elle mettra ses collections en liquidation totale, en octobre prochain. Cette mauvaise nouvelle n’est pourtant qu’une demi-surprise. Explications.

La série noire continue pour la mode belge. Après les déboires de Christophe Coppens, Walter Van Beirendonck et Olivier Strelli, voici que Luc Duchêne annonce, ce 10 septembre, l’arrêt officiel de son label éponyme, qui, pour rappel, avait évolué et changé de nom, passant de Chine à Chine Belgian Design, puis à Luc.Duchene lors de l’été 2010.

Il ne s’agit pas à proprement parler d’une faillite, mais d’une mise en liquidation d’une des branches d’activité du groupe. “Cela signifie que nous ferons face à toutes nos obligations légales, explique Luc Duchêne, par voie de communiqué. D’abord et avant tout vis-à-vis du personnel concerné, mais aussi vis-à-vis de tous nos partenaires et fournisseurs.” Les collections Luc.Duchene seront donc mises en liquidation totale dans le courant du mois d’octobre, conformément à la loi.

“Pour moi, c’est un échec, bien sûr, parce que faire vivre une nouvelle marque de luxe en Belgique est un défi que j’ai voulu relever, sans pouvoir y parvenir”, regrette l’intéressé qui se focalise désormais sur son autre marque Mer du Nord.

Double erreur stratégique

Si l’homme d’affaires évoque légitimement “un marché en crise et en profonde métamorphose” pour justifier aujourd’hui l’arrêt de sa marque éponyme, on ne peut s’empêcher de revenir quelques années en arrière pour se demander s’il n’y a pas eu, en définitive, une double erreur stratégique dans l’objectif honorable de développer une marque de luxe au sein de l’entreprise.

La première a probablement consisté à vouloir maintenir à tout prix Tim van Steenbergen aux commandes artistiques de la marque Chine qui connaissait pourtant déjà, avant l’arrivée de ce créateur flamand, un joli succès commercial. Or, les clientes fidèles de Chine ne sont pas retrouvées dans le virage artistique opéré par Tim van Steenbergen, un designer certes talentueux issu de l’Académie d’Anvers, mais dont la vision pointue de la mode n’a pas rencontré les désirs de la clientèle historique.

La deuxième erreur a quant à elle consisté à vouloir changer le nom s’une marque dont les ventes s’érodaient, alors qu’il aurait été plus judicieux de changer plutôt de directeur artistique. En passant de Chine à Chine Belgian Design et enfin à Luc.Duchene, le patron de Mer du Nord a voulu miser sur la notoriété de son propre nom en faisant preuve d’une légère mégalomanie, mais a surtout brouillé les cartes auprès d’une clientèle qui tentait malgré tout de lui rester fidèle. En pleine crise, c’était plutôt osé, d’autant plus que personne ne connaît Luc Duchêne au-delà d’une certaine jet-set bruxelloise. Dommage. Car on aurait vraiment aimé une autre fin avec un autre Chine.

Frédéric Brébant

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