Pourquoi la Belgique et l’Europe veulent réguler booking.com

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Le géant mondial de la réservation d’hôtel Booking.com plaît autant qu’il dérange. S’il facilite la vie des internautes et apporte des clients aux hôtels, certaines de ses pratiques continuent d’être mises en cause. La Belgique et l’Europe travaillent chacune à un encadrement.

La Belgique va-t-elle mettre le site de réservation de chambres d’hôtel Booking.com au pas, comme l’ont fait nos voisins français et allemands ? Le gouvernement Michel planche en effet sur une loi qui devrait empêcher Booking.com d’interdire à ses ” partenaires ” belges de proposer des prix moins élevés sur leur propre site. Le géant de la réservation en ligne empêche en effet les hôteliers de pratiquer des tarifs préférentiels en direct sur le Net.

Voici pourquoi, trois ans après la France et sa ” loi Macron “, les cabinets du ministre des PME Denis Ducarme (MR) et du ministre de l’Economie Kris Peeters (CD&V) voudraient toujours faire passer une loi sur les hébergements touristiques qui interdirait cette ” clause de parité “, malgré une récente note de l’Europe qui, selon nos confrères de L’Echo, demande une adaptation du fondement du projet de loi.

Reconquérir ses clients en direct

Reste une question : quel impact la ” libération tarifaire ” des hôteliers vis-à-vis des sites de réservation peut-elle vraiment avoir ? Pour Serge Schultz, consultant dans l’hôtellerie, ” il n’existe pas encore de chiffres qui évaluent l’impact de cette mesure en France. Mais je crains que cela n’ait pas fondamentalement changé la donne : afficher un prix moins élevé sur son site web est une chose, le faire savoir en est une autre. Car aujourd’hui, le consommateur a le réflexe Booking et les hôtels indépendants n’ont pas les moyens de payer Google pour améliorer leur référencement. La possibilité d’afficher un prix moins cher sur les sites propres des hôtels donne un avantage aux grands groupes hôteliers au détriment des petits hôtels qui ne l’ont pas toujours très bien compris. ”

Pour le secrétaire général de la Brussels Hotels Association, Rodolphe Van Weyenbergh, ” pouvoir retrouver la liberté tarifaire est toutefois le point de départ à toute stratégie pour reconquérir des clients en direct. Si les hôtels ne peuvent pas afficher un tarif moins élevé sur leur site que sur les plateformes, il n’est même pas envisageable d’attirer des clients sans intermédiaire. ”

Car ce qui dérange aussi le secteur de l’hôtellerie, c’est la dépendance croissante des établissements à des sites comme Booking ou Expedia qui, dans certains cas, leur assurent bien plus de 50 % des réservations. Une partie de leur business sur laquelle ils doivent dès lors systématiquement lâcher entre 12 et 18 % de commission, nous confirme Serge Schultz qui n’y va pas par quatre chemins : ” Les hôteliers ont, pour la plupart, totalement raté le train du numérique et se retrouvent dans cette situation par leur faute “. Mais pour beaucoup, les plateformes manquent aussi de transparence, tant dans la manière dont s’affichent les résultats de recherche d’hôtels que dans le système de commentaires ou le déréférencement de certains établissements. L’Europe vient d’ailleurs d’annoncer qu’elle envisageait une réglementation spécifique dans ce domaine.

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