Pourquoi l’audition de Didier Bellens était inutile

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Les parlementaires ont entendu le patron du Belgacom au sujet de soupçons de conflit d’intérêt dans le cadre de la vente d’un bâtiment. Comme prévu, il n’en est pas ressorti grand-chose.

Ce jeudi, les parlementaires de la commission infrastructure, communications et entreprises publiques ont cuisiné le patron de Belgacom. La raison de cette invitation ? Des informations parues dans le quotidien De Morgen faisant état d’un possible conflit d’intérêt : Didier Bellens siège au conseil d’administration (CA) de la société immobilière Immobel, qui serait intéressée par l’immeuble “Paille”, mis en vente par Belgacom.

Suspect, diront certains. La semaine dernière, le président du CA Stefaan De Clerck et le président du comité d’audit et administrateur de Belgacom Pierre-Alain De Smedt ont donc voulu remettre les pendules à l’heure. Un audit interne conclut que le conflit d’intérêt a été géré suivant les règles de gouvernance de l’entreprise. Le mandat de Didier Bellens chez Immobel est connu depuis 2007. Chaque fois qu’un dossier immobilier arrive sur la table, le CEO “se distancie”. Depuis 2009, sur 60 bâtiments vendus par Belgacom, pas un seul n’a été cédé à Immobel. Si Didier Bellens fait du trafic d’influence, il n’est pas très efficace… Quant à l’immeuble “Paille”, il a été mis en vente en avril dernier ; dix d’acquéreurs potentiels se sont manifestés. Rien n’est donc fait et on voit mal en quoi Immobel aurait pu être privilégiée à ce stade.

Le rôle du Parlement… ou du CA ? Un feu de paille ? Pas pour les parlementaires, qui souhaitaient une nouvelle fois interroger le patron. Les mêmes réponses que celles fournies par les représentants du CA ont inévitablement resurgi, à savoir en substance que le bâtiment n’étant pas encore vendu, le conflit d’intérêt est hypothétique.

L’intérêt d’auditionner le patron de Belgacom sur ce dossier paraît fort limité. Le problème de base, c’est qu’il n’entre pas dans les attributions du Parlement de contrôler le boulot d’un CEO, fût-il à la tête d’une entreprise publique détenue à 53 % par l’Etat belge. Ce rôle appartient au conseil d’administration, où siègent des représentants de l’Etat, qui acceptent depuis 2007 le cumul Immobel-Belgacom. Plutôt que de faire des déclarations matamoresques – et sans conséquences – au sujet des agissements du CEO de Belgacom, on aimerait voir les parlementaires questionner plus souvent le gouvernement sur la manière dont il gère ses participations dans les entreprises publiques, sur le mode de désignation des administrateurs représentant l’Etat, sur la gouvernance d’entreprise au sein des organes représentatifs (rappelons que l’ancien président du CA de Belgacom, Michel Moll, a été rémunéré par Huawei, un important fournisseur de l’opérateur !), sur les missions de service public qu’ils estiment que Belgacom devrait remplir…

Au cours de l’actuelle législature 2010-2014, combien de fois le ministre des Entreprises publiques a-t-il été interpellé par des députés au sujet de Belgacom ? A six reprises. Et chaque fois au sujet du “cas Bellens”.

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