Pourquoi l’affaire Instagram ne faiblit pas

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Depuis que l’application de photo a tenté de modifier ses règles de confidentialité pour mieux monétiser son service, ses membres s’indignent et se rebiffent. Une plainte collective vient même d’être déposée aux Etats-Unis. Explication.

En moins d’une semaine Instagram a réussi à se mettre à dos nombre de ses utilisateurs. La faute à la modification de sa politique de confidentialité, qui en a irrité plus d’un. Comment en est-il arrivé là? Faut-il vraiment s’inquiéter pour le respect de sa privée? Où en est-on aujourd’hui? Trends.be revient sur cette affaire …

Avril 2012: Facebook dépense une somme record pour Instagram

Comment dès lors expliquer cette folie? En réalité, à l’époque, Instagram est très courtisé, et c’est pourquoi Facebook a tout fait pour éviter que l’appli ne tombe dans l’escarcelle de géants tels que Google ou Apple. La semaine dernière on a appris que Twitter avait déposé une offre concrète d’achat quelques semaines avant Facebook, de 595 millions de dollars. Une sorte de course à l’armement…

Le 12 décembre: Facebook veut combiner ses données avec ses partenaires

Le problème c’est que moins d’un pourcent du milliard de membres que compte le réseau social s’est exprimé. Insuffisant pour Facebook, qui s’autorise à passer outre l’avis de ses membres si le taux de participation ne dépasse pas les 30%. Cela n’a jamais été le cas, et Facebook ne sollicitera plus jamais ses inscrits.

Le 18 décembre: Instagram modifie également ses paramètres de confidentialité

Six jours après l’annonce des changements opérés par Facebook, Instagram adapte à son tour sa politique de confidentialité. Il y intègre donc un rapprochement de ses données avec Facebook. Mais un petit paragraphe va susciter l’émoi de ses utilisateurs : “Vous acceptez qu’une entreprise ou toute autre entité puisse nous payer pour afficher votre nom et profil d’utilisateur, vos photos (…) en lien avec des contenus payants ou sponsorisés, sans que cela ne vous donne droit à une compensation”.

Autrement dit, en s’inscrivant sur Instagram, l’utilisateur accepte de facto la cession d’une licence “Royalty Free” à l’application photo, lui permettant d’en faire n’importe quel usage, y compris de les vendre aux annonceurs.

Le 19 décembre: Instagram fait marche arrière

Devant la fronde des utilisateurs, Instagram décide dès le lendemain de reculer. Kévin Systrom, son fondateur, s’essaye même à des excuses publiques plus ou moins déguisées. Il revient donc au texte original et promet d’expliquer plus clairement à l’avenir la portée et le but des modifications apportées à la politique de confidentialité. Malgré une victoire d’apparence pour les utilisateurs, reste que le texte de base n’est toujours pas clairement explicité.

Une “class action” lancée aux Etats-Unis

Le recul d’Instagram n’a visiblement pas suffi à apaiser les utilisateurs du service de photos. En Californie, le cabinet d’avocats Finkelstein and Krinsk a lancé un recours collectif contre Instagram, afin d’obtenir de la justice la modification des règles de confidentialité. En réaction, Facebook a assuré n’accorder aucun crédit à cette plainte et promet de la “combattre vigoureusement”.

Le débat sur la vie privée relancé

Quoi qu’il en soit, cette affaire aura eu le mérite de lancer le débat sur la gratuité des services tels que ceux proposés par Facebook et Instagram et le respect de la vie privée. Ces sociétés vivent des données recueillies auprès de leurs utilisateurs et doivent les monétiser du mieux possible. Reste à savoir où se situe la limite, et si limite il doit y avoir.

Le 12 décembre dernier, la société de mark Zuckerberg soumet à ses membres sa nouvelle politique de confidentialité. Elle prévoyait de nouvelles fonctionnalités pour contrôler sa vie privée. Mais surtout, elle autorisait la combinaison de ses données avec celles de ses partenaires, dont Instagram fait bien évidemment partie. Le résultat fut sans appel: non à plus de 88%…En avril 2012, le réseau social prépare activement son entrée en bourse. A l’époque, il souffre de son incapacité à monétiser son audience mobile et cherche à rassurer les investisseurs. Le rachat d’Instagram devait donc faire partie de cette stratégie. Le problème c’est que la start-up de 9 salariés à l’époque ne génère pas le moindre dollar de chiffre d’affaires. Pour les analystes, il est insensé de la part de Facebook d’avoir investi un tel montant – 747 millions de dollars- dans la transaction.

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