Pourquoi Delhaize cède ses City

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Les 15 boutiques de proximité intégrées à Delhaize ne progressent pas assez pour le groupe. Il souhaite les céder à des franchisés qui pourraient en tirer de meilleurs résultats. Pourquoi?

“Delhaize décide de transformer ses 15 magasins City belges en Proxy indépendants.” Voilà comment le groupe a annoncé, lundi, qu’il allait se séparer des magasins de proximité City qu’il détenait en propre, pour en proposer la gestion à des franchisés (qu’il cherche encore). En version moins enrobée : Delhaize va fermer ces magasins et les céder à des indépendants. La nouvelle n’est pas vraiment une surprise puisque voici trois ans, le groupe avait déclaré qu’il n’allait plus développer cette enseigne de magasins situés aux coeurs des villes de Bruxelles, Anvers et Gand. Delhaize explique cette opération par le “besoin de flexibilité dont ces magasins ont besoin pour s’adapter à leur environnement urbain et à la population”.

Les résultats des magasins ne répondent pas, selon le groupe, “aux objectifs fixés”. D’après nos sources, le chiffre d’affaires des City enregistrerait un léger recul (-1,72 %) et leur rentabilité n’évolue plus. De quoi faire monter au créneau Myriam Delmée, vice-présidente fédérale du Setca, le syndicat des employés et des cadres : “City n’est sans doute pas la chaîne qui rapporte le plus, mais la force d’un grand groupe est de pouvoir compenser les magasins un peu moins rentables avec des autres qui le sont plus. Au lieu de cela, le groupe veut faire des économies sur le dos du personnel.” Car, si Delhaize précise que “personne ne sera licencié”, pour Myriam Delmée l’opération mènera à l’interruption des CDD des employés de l’enseigne City (environ 120 à 140 personnes) mais aussi dans les supermarchés des environs où le personnel en CDI des City (280 personnes) sera recasé.

Appel aux repreneurs

Tout dépendra néanmoins des négociations avec les candidats repreneurs qui “seront serrées” prédit un spécialiste préférant rester anonyme. La question reste : comment un franchisé peut-il espérer obtenir de meilleurs résultats que le groupe lui-même ? Pour Delhaize, cela tient à “la structure intégrée des City qui n’est pas adaptée pour être concurrentielle”. En clair, “un franchisé n’a pas les syndicats dans les pattes, analyse le spécialiste en retail. Ce qui offre plus de flexibilité en termes d’heures d’ouvertures, notamment. Et un indépendant peut demander à une caissière de faire du réassort s’il n’y a pas beaucoup de monde, ce qui n’est pas possible ailleurs. Sans compter que le coût de l’emploi pèse moins sur les résultats d’un franchisé.” De fait, le personnel y est moins bien payé : 25 % de moins d’après Myriam Delmée (Setca). Ceci expliquerait les marques d’intérêt déjà parvenues en début de semaine chez Delhaize, notamment pour le City de Woluwe, plus attirant que les autres, nous dit-on. Les fonds de commerce pourraient se négocier entre 500.000 et 1 million d’euros, des chiffres que Delhaize refuse de confirmer. De quoi redorer un peu l’image – et les comptes – de Delhaize qui se cherche en ce moment ? “Ce n’est sans doute pas la finalité, analyse le spécialiste. Car ces 15 magasins ne représentent pas grand-chose au niveau du groupe qui en compte plus de 800”. Mais ça pourrait aider.

CHRISTOPHE CHARLOT

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