Peugeot Citroën bientôt dans le giron de General Motors?
Le groupe PSA Peugeot Citroën souffre toujours de la morosité du marché européen. L’agence Reuters avance que la famille fondatrice, les Peugeot, serait prête à céder le contrôle à General Motors. En échange d’une injection de fonds. Une discussion fort délicate…
Séisme politico économique en vue en France ? La famille Peugeot serait prête à céder le contrôle du groupe PSA Peugeot Citroën à General Motors. L’opération se déroulerait dans le cadre d’une recapitalisation du groupe, qui actuellement souffre beaucoup de la crise du marché automobile en Europe.
L’information est publiée par l’agence Reuters. La famille Peugeot détient 38,1% des votes de PSA Peugeot Citroën ; cette dernière n’a pas commenté ce qui reste encore une rumeur. GM, qui détient 7% du constructeur français, a démenti, de son côté, vouloir investir davantage dans PSA Peugeot Citroën, dans l’état actuel des choses.
Victime d’un marché européen et français difficiles Le groupe PSA a perdu 5 milliards d’euros en 2012. Il souffre d’une trop forte exposition au marché européen (55% des ventes). Une restructuration est en cours, avec une réduction d’effectif (environ 11.000 personnes) et la fermeture de l’usine d’Aulnay en région parisienne.
Un partenariat avec General Motors pour développer des voitures sur les plateformes communes, afin de réduire les investissements, a donc été le bienvenu. Ce deal s’accompagnait d’une entrée de GM dans le capital de PSA. PSA Peugeot Citroën continue cette année à souffrir, avec un recul de 10% des ventes de voitures au premier trimestre 2013, avec toutefois une forte montée des ventes en Chine (+30%). La famille Peugeot chercherait, selon Reuters, à convaincre GM de fusionner leurs opérations avec celles d’Opel/Vauxhall en Europe, qui, toutes, souffrent de surcapacité. GM perd de l’argent en Europe depuis plus de 10 ans.
Négociation chinoise avortée Si l’accord avec GM se réalise bel et bien. Il ne semble pas certain qu’il suffise à sortir PSA Peugeot Citroën de sa situation difficile. En mai dernier, le quotidien français la Tribune (sur l’Internet) avait évoqué une augmentation de capital. L’agence de notation Fitch estimait en février 2013 que l’objectif d’un retour à la profitabilité de l’activité automobile, fixé à 2014, pouvait reculer à 2015, “au moins”. Tout en estimant que la stratégie suivie était la bonne.
Reuters avance que la famille Peugeot cherche différentes manières d’augmenter le capital. Elle aurait exploré la voie d’une participation de 30% par un consortium dirigé par le constructeur chinois Dongfeng, mais celle-ci n’aurait pas abouti. Elle aurait maintenant des discussions avec GM, et serait prête à céder le contrôle, ce qui est une grande nouveauté.
La famille fondatrice a toujours préféré conclure des accords ciblés sur des modèles plutôt qu’un accord global avec un autre constructeur, afin de ne pas perdre sa mainmise sur PSA Peugeot Citroën. GM aurait accepté de discuter de ce projet à la condition de pouvoir aisément fermer des usines. Pour le constructeur américain, le deal avec PSA Peugeot signé l’an dernier est déjà fort difficile à mettre à exécution de manière satisfaisante, et n’est pas bien vu de tous les actionnaires. GM a implicitement reconnu les soucis en réduisant de moitié la valeur de sa participation française.
Politiquement sensible Mais une arrivée de GM au contrôle de PSA se heurte à des obstacles. Le dossier est politiquement sensible. PSA Peugeot Citroën est un symbole industriel en France, il emploie 77.000 personnes dans l’Hexagone. L’annonce de la fermeture d’Aulnay avait provoqué une vie critique des pouvoirs publics. Le gouvernement s’y est finalement résigné. Une fusion entre GM et PSA en Europe pourrait aussi avoir un impact en Allemagne, qui est en pleine campagne législative.
A défaut d’une injection de fonds de GM, l’Etat français ou un véhicule d’investissement public, pourrait améliorer les fonds propres de PSA Peugeot Citroën et lui permettre de traverser cette période délicate. Les pouvoirs publics sont déjà intervenus en donnant leur garantie à la filiale bancaire que PSA, pour accorder du crédit aux acheteurs de voitures. A hauteur de 7 milliards d’euros d’ici la fin 2015.
Robert van Apeldoorn
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