Péage kilométrique : les transporteurs jouent la montre

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Les transporteurs routiers ne se bousculent pas pour commander les boitiers pour le péage kilométrique qui entre en vigueur le 1er avril prochain. A peine 16.760 terminaux ont été livrés sur les 600.000 ou 800.000 qui devraient être commandés pour couvrir le trafic. Le concessionnaire Satellic espère attirer les poids lourds avec une tombola…

Le secteur des poids lourds serait-il en train de jouer la montre ? Pour l’heure, la société Satellic a enregistré peu de commandes pour les terminaux indispensables à établir les péages lorsque le dispositif sera lancé le 1er avril prochain. Selon une interpellation du député MR Jean-Luc Crucke au Parlement wallon, 16.760 terminaux (OBU, on board unit) ont été distribués. Pas grand-chose en regard du volume qui devrait être distribué, entre 600.000 et 800.000 pour les utilitaires belges et étrangers de plus de 3,5 tonnes.

Gagner 20.000 litres de carburant

Satellic a répondu à cette situation en organisant… une tombola. Avec deux prix : des lots de 20.000 et 10.000 litres de diesel. Objectif : encourager les transporteurs à demander rapidement les terminaux mobiles. En ajoutant une mise en garde : “Il n’y aura pas de report, le péage kilométrique entrera en vigueur le 1er avril 2016” dit Benoit Lempkowicz, porte-parole de Satellic. “S’y prendre trop tard c’est courir le risque de n’être pas prêt, il vaut mieux prendre le temps de tester le système, qui fonctionne déjà”. Il est possible d’utiliser le dispositif avec une facturation zéro.

Un souci de concurrence

Cette situation est en partie l’effet d’une campagne menée par l’UPTR, une fédération de transporteurs, qui critique l’absence de concurrence pour les terminaux. Pour l’heure seule Satellic, gestionnaire de l’infrastructure de péage, distribue ses propres terminaux. Mais il est prévu que d’autres fournisseurs puissent livrer ce service soumis à concurrence. Les transporteurs qui ont des camions parcourant plusieurs pays pratiquant le péage kilométrique et l’ouvrage à redevances préfèrent souvent utiliser un seul appareil pour payer toutes ces charges. Parmi les fournisseurs potentiels figure le français Axxes.

“C’est nous faire beaucoup d’honneur que de nous reprocher d’être à l’origine du faible succès des terminaux Satellic” avance Michaël Reul, secrétaire général de l’UPTR, qui a toutefois lancé depuis la fin 2015 un appel à la résistance passive. “Nous n’avons pas d’influence, par exemple, sur les transporteurs étrangers qui ne sont pas nombreux à s’équiper”. L’UPTR a déposé des recours auprès des autorités de la concurrence belge et européen.

Un chiffre peu signicatif ?

Pour Satellic, le faible chiffre publié début janvier n’est pas significatif. “Nous venons juste de signer des accords avec des partenaires comme des pétroliers, pour distribuer ces appareils” dit Benoit Lempkowicz. “Nous sommes organisés pour pouvoir distribuer tous les terminaux d’ici le 1er avril prochain.” Il reconnait le souci de concurrence, qui en fait ne relève pas de Satellic. Les Régions doivent publier les données pour que les fournisseurs de terminaux concurrents puissent proposer leurs services et tardent à le faire. “De toute manière, nous ne vendons pas les terminaux, nous les prêtons, moyennant une caution. Dès que des terminaux concurrents sont disponibles, les transporteurs qui le souhaitent pourront changer et récupérer leur caution.

Pour l’UPTR cet argument est faible, l’association estime que beaucoup de transporteurs ne se fatigueront pas à changer de fournisseurs. Michaël Reul ne comprend pas, au surplus, pourquoi les Régions, bénéficiaires du péage kilométrique, tardent tant à fournir les informations aux fournisseurs de systèmes concurrents aux terminaux de Satellic. En même temps la situation ne lui déplait guère. L’UPTR n’a jamais été favorable au péage kilométrique, l’estimant plus cher à l’usage que la redevance actuelle payée avec l’Eurovignette.

L’hypothèse d’un report du lancement n’est pas encore d’actualité. Pour Satellic, les transporteurs qui tardent volontairement prennent le risque d’encourir une amende (1000 euros et l’obligation de se mettre en ordre dans les 3 heures). Ce n’est pas le concessionnaire qui assure cette tâche régalienne, mais les départements de contrôle des Régions. Pour susciter la bonne volonté, Satellic lance sa tombola au bénéfice de l’association SOS Village d’Enfants. Les tickets seront distribués aux transporteurs qui commanderont leur terminal entre le 1er et le 29 février.

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