On ne le dit pas assez: les multinationales créent beaucoup d’emplois

© Belga

Pour certains, le monde est simple: pour éviter les licenciements comme chez Carrefour, il suffit de les interdire. Ce serait pourtant le coup de grâce pour l’entrepreneuriat.

L’idée vient du PTB/PDVA : “Il faut interdire les renvois dans les entreprises rentables.” Les licenciements comme – dans le passé – chez le brasseur AB InBev, le fabricant de produits laitiers Danone, le producteur de machines lourdes Caterpillar ou – la semaine dernière – chez Carrefour seraient immédiatement révolus. C’est une solution simple à une époque compliquée. Et elle en inspire d’autres, comme les socialistes francophones. En novembre 2017, le PS a lancé son chantier des idées qui formule 170 propositions en réponse au gouvernement Michel de centre droit et au capitalisme financier “qui empoisonne notre économie”. La proposition numéro 5 était la suivante : “Il faut interdire les licenciements collectifs dans les entreprises qui font des bénéfices et paient des dividendes.” Chez Groen aussi, certains semblent charmés. Le chef de groupe Kristof Calvo déclarait qu’il “fallait mettre fin à ce genre de licenciements auprès d’entreprises rentables”.

Beaucoup d’encre a coulé sur ce qui a mal tourné chez Carrefour, à tous les niveaux. L’entreprise était devenue lourde et ployait sous les mauvaises décisions managériales. Les syndicats se sont trop longtemps cramponnés aux droits acquis et n’ont pas vraiment participé aux opérations d’innovation. Et les politiciens ? Quand ils ont appris les licenciements, ils ont poussé de hauts cris. Mais c’est leur politique qui a entraîné les entreprises d’e-commerce à s’installer à quelques pas de la frontière, aux Pays-Bas. Les nouveaux emplois ont été créés là-bas. Nous pouvons nous estimer heureux qu’aujourd’hui notre économie tourne bien et que les emplois se créent en nombre. Les licenciements chez Carrefour restent des drames individuels, mais beaucoup de personnes touchées trouveront probablement rapidement du boulot.

Il y a de réelles chances qu’elles retrouvent du boulot au sein d’une grande entreprise internationale. On ne le dit pas assez : les multinationales créent beaucoup d’emplois, et c’est dans les grandes entreprises que l’emploi progresse le plus. Les chiffres publiés la semaine dernière par Flanders Investment & Trade révèlent que l’année dernière les investisseurs étrangers ont créé 5377 nouveaux emplois en Flandre. C’est le nombre le plus élevé depuis 2004, la première année où l’on disposait de chiffres. En 2017, les entreprises étrangères ont investi pour un peu plus de deux milliards d’euros en Flandre. La plupart des dossiers d’investissements venaient des États-Unis, suivis des Pays-Bas, de l’Allemagne et de la France. Les idées catégoriques du PTB, où les multinationales sont diaboliques, sont peut-être bien accueillies par les socialistes, les écologistes et d’autres, mais la réalité est beaucoup plus nuancée.

Les chiffres récents de Steunpunt Werk (KU Leuven) révèlent que ces cinq dernières années il y a eu 82 000 emplois supplémentaires. C’est une hausse de 3,8%. Et cette hausse est, contrairement à ce qu’on pense souvent, la plus forte parmi les grands employeurs. Parmi les employeurs qui comptent entre 200 et 1000 employés, il y a exactement 30 700 emplois en plus depuis 2012 (une hausse de 8,5%). Parmi les employeurs de plus de 1000 employés, il y a eu 49 600 emplois en plus (plus 6,4%). Parmi les employeurs de 50 à 199 employés, l’accroissement était moins grand, tant en chiffres absolus (plus 4800 emplois) que relatifs (plus 1,5%). Dans la catégorie de moins de 50 employés, on voit même une petite réduction de 3200 emplois (moins 0,5%). Même si la Flandre est une région de PME, l’emploi progresse surtout parmi les grands employeurs.

Il y a beaucoup d’observations à faire sur le rôle de multinationales et de grandes entreprises dans notre société. Qu’ils échappent trop souvent au fisc, par exemple, et ne paient pas leur part juste d’impôts. Mais il est inévitable qu’ils doivent parfois licencier. Si vous l’interdisez, vous liquidez aussi l’entrepreneuriat et ce sera la fin de la croissance de notre prospérité et du nombre d’emplois. Et alors, autant supprimer totalement l’économie.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content