“Nous n’hésiterons pas à embaucher des étrangers s’il le faut !”

© Thomas Legrève

“L’Etat doit jouer un rôle important sur le marché de l’emploi”, estime Geert Bruyneel, patron de Volvo Cars Gand, qui n’hésitera pas à embaucher des travailleurs venant de l’étranger “si notre système de production est menacé”. Il compare au passage les marchés de l’emploi belge et suédois.

Lisez l’intégralité de cette interview dans le magazine Trends-Tendances daté du 15 mars 2012.

Depuis l’inauguration de Volvo Cars à Gand en 1965, jamais autant de voitures n’étaient sorties de l’usine d’assemblage. Geert Bruyneel dirige la filiale belge d’un constructeur suédois : l’occasion rêvée de comparer, avec lui, les deux marchés du travail.

Avez-vous l’avantage des charges salariales en Belgique par rapport à la Suède ?

Les différences de salaires entre la Suède et la Belgique sont négligeables.

Est-ce inquiétant ?

Nous savons qu’en matière de charges salariales, la Belgique figure dans le peloton de tête européen. Il est essentiel que nous parvenions à maîtriser les coûts et que nous restions compétitifs par rapport aux pays voisins. Cela dit, je ne suis pas de ceux qui se plaignent sans cesse des charges salariales en Belgique. Selon moi, l’accent doit être placé sur la productivité. L’Etat doit également jouer un rôle important sur le marché de l’emploi.

Manifestement, ce rôle est insuffisant, puisque vous recherchez vous-même depuis de longs mois des techniciens qualifiés… Volvo Cars songe à embaucher des étrangers !

Nous n’avons encore embauché personne venant de l’étranger mais, si notre système de production est menacé, nous n’hésiterons pas. Les ingénieurs se trouvent encore facilement. Chez nous, ils peuvent s’épanouir dans l’organisation, le développement, le leadership. Mais nous sommes effectivement confrontés à une pénurie de techniciens ayant des connaissances en robotique, qui est le mode de pilotage de nos installations dans la division carrosserie et à l’usine de peinture. Et nous ne sommes pas les seuls dans ce cas en Belgique.

Vous avez travaillé cinq ans en Suède. L’organisation du marché de l’emploi est-elle différente par rapport à celle qui prévaut en Belgique ?

Les moyens déployés en matière de formation sont plus importants. Les chômeurs sont accompagnés de manière plus ciblée, en fonction des postes vacants. Ils ne sont pas formés tous azimuts pour des fonctions peu demandées.

La société scandinave est souvent montrée en exemple en Belgique. A juste titre ?

En matière de diversité, particulièrement. La femme occupe un rôle plus important dans la société suédoise, qui est beaucoup plus féminine. La proportion de femmes qui travaillent est nettement plus élevée qu’en Belgique. Du reste, elles se voient offrir davantage d’opportunités. L’intégration des allochtones est également bien plus efficace : ils sont encouragés plus vivement qu’ici à apprendre la langue du pays.

Les Belges pourraient-ils malgré tout enseigner quelque chose aux Suédois ?

Bien sûr. Les Suédois sont protestants, nous sommes des bons vivants, nous profitons davantage de la vie ! Notre mode de communication est aussi plus direct, nous nous exprimons plus rapidement. Les Suédois tournent autour du pot, ils n’adoptent pas tout de suite de position tranchée.

Propos recueillis par Wolfgang Riepl

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