Nigeria: des rebelles ont fait exploser une plateforme de Chevron

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Des rebelles ont fait exploser une installation offshore du groupe pétrolier américain Chevron dans le sud du Nigeria, a annoncé vendredi la marine nigériane, laissant craindre une nouvelle flambée de violences qui pourrait affecter la production de brut.

“L’installation Chevron a été attaquée mercredi soir, près d’Escravos”, une localité dans l’Etat de Delta, a déclaré à l’AFP le porte-parole de la marine Chris Ezekobe. L’Etat du Delta, dans le sud du Nigeria, est la région pétrolifère du premier exportateur de brut en Afrique.

“Des rebelles ont utilisé des explosifs pour faire sauter la plateforme Okan, une installation qui sert à la collecte du pétrole et du gaz destinés au terminal Escravos”, a-t-il ajouté.

Ce responsable ignore combien de personnes se trouvaient sur la plateforme au moment de l’explosion qui n’a fait, selon lui, aucune victime.

Chevron Nigeria Limited (CNL), la filiale nigériane de Chevron (en partenariat avec la compagnie nationale NNPC), a confirmé dans un communiqué que son installation avait été attaquée mercredi à 23H15 (locales, 22H15 GMT).

“L’installation est fermée pour l’instant, le temps d’évaluer les dégâts”, a déclaré la compagnie, qui assure déployer tous les moyens nécessaires pour contenir la fuite sans toutefois en préciser l’ampleur.

Un employé de Chevron, sous couvert d’anonymat, a toutefois confié que l’attaque pourrait affecter la production électrique, dans un pays où les coupures sont déjà quotidiennes.

“CNL continue à surveiller la situation et reste engagée à remplir ses obligations professionnelles, notamment la protection des personnes et de l’environnement”, ajoute le communiqué.

Attaques en hausse

La marine nationale, ainsi que les autres forces de sécurité, traquent les coupables, a assuré M. Ezekobe. “Un groupe, dont nous n’avions jusqu’à présent jamais entendu parlé, Les Vengeurs du Delta du Niger, a revendiqué [l’attaque]”, a-t-il poursuivi.

“Nous ne pouvons cependant pas exclure l’implication d’anciens chefs rebelles, dont Tompolo, actuellement recherché et poursuivi pour fraude”, a-t-il toutefois nuancé.

Les attaques contre les installations pétrolières sont en hausse au Nigeria depuis que les autorités ont ordonné, en janvier, l’arrestation de Tompolo pour corruption.

Tompolo, de son vrai nom Government Ekpemupolo, est l’un des chefs rebelles les plus connus du Mouvement pour l’émancipation du Delta du Niger (MEND). Il est poursuivi pour vol, détournement et blanchiment d’argent, à hauteur de 235 millions de dollars.

Plusieurs de ses biens, notamment une villa, un bateau, un chantier naval et une école de plongée dans le delta du Niger, ont été saisis pour le forcer à se rendre, ce qu’il n’a pas fait pour l’instant.

Le groupe des “Vengeurs du Delta du Niger” est censé réunir des supporters de Tompolo, mais ce dernier a jusqu’ici nié avoir des liens avec cette nouvelle organisation.

Le MEND, qui militait pour une meilleure répartition des ressources en hydrocarbures, a mené de nombreuses attaques contre des installations pétrolières et des enlèvements de travailleurs du secteur dans les années 2000, avant que le gouvernement ne mette fin aux violences par le biais d’une amnistie en 2009.

Quelque 30.000 rebelles ont bénéficié de ce programme, déposant leurs armes en échange d’une aide à la formation et la reconversion. Mais la perspective de la fin du programme en 2018, annoncé par le nouveau président Muhammadu Buhari, a ravivé les tensions dans la région.

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