Nethys peut-il avaler Lampiris ?

Stéphane Moreau. © Belga

Le groupe public liégeois a des vues sur Lampiris. Une opération compliquée par des obstacles régulatoires non négligeables.

Nethys est intéressé par Lampiris. Tom Van de Cruys, CEO de Lampiris, a confirmé à nos confrères du Soir et de L’Echo que des discussions ont eu lieu à ce sujet entre les deux entreprises. Ces contacts exploratoires font suite à la réflexion entamée par Lampiris sur son avenir. Le fournisseur d’énergie liégeois cofondé par Bruno Venanzi a mandaté une banque d’affaires pour explorer différents scénarios, dont une vente.

Le groupe Nethys, dirigé par le puissant bourgmestre d’Ans Stéphane Moreau (PS, photo), est actif dans l’énergie (Resa, Electrawinds), les télécoms (Voo) et la presse (L’Avenir, La Provence). Stéphane Moreau refusant systématiquement tout commentaire, il est difficile de voir une logique dans ces acquisitions successives, censées produire de nébuleuses synergies.

Dans le cas de Lampiris, l’assemblage semble assez cohérent. Mais il se heurte à de délicates questions réglementaires. Depuis la libéralisation du secteur de l’énergie, les activités (monopolistiques) de gestionnaire de réseau de distribution (GRD) sont censées être séparées des activités (concurrentielles) de fourniture de gaz et d’électricité. Nethys, dont la filiale Resa est un GRD, peut-il avaler le fournisseur Lampiris ? Du côté de la Cwape, le régulateur wallon, on n’y voit pas d’objection a priori. “Pour autant que les activités soient séparées dans des filiales différentes, nous n’avons pas de souci”, indique la porte-parole de la Cwape Stéphanie Grevesse. Le régulateur précise que si l’opération Nethys-Lampiris devait se concrétiser, il examinerait en profondeur la situation afin de s’assurer que la séparation des métiers est bien effective.

Le risque est que le GRD Nethys favorise le fournisseur Nethys au détriment de ses concurrents. D’après les avocats spécialisés que nous avons contactés, l’opération est possible mais délicate à mettre en place. “C’est presque de l’horlogerie suisse”, confie un avocat. La législation européenne n’interdit pas la filialisation des deux activités sous la coupole d’une holding, mais des garanties sont exigées : “Il faut créer des structures juridiques séparées, et assurer une stricte dissociation opérationnelle et comptable. Le management, en ce compris le middle management, ne peut pas exercer dans les deux structures pour éviter les conflits d’intérêts”, explique Tom Schoors, associé spécialisé en énergie chez Allen & Overy.

Contacté par nos soins, le président du CA de Lampiris Eric De Keuleneer ne souhaite pas se prononcer sur un acquéreur potentiel en particulier. Mais il s’inquiète : “Je trouverais préoccupant qu’un accord soit conclu avec un partenaire qui présente des difficultés au niveau concurrentiel ou régulatoire. Or, de la manière dont je lis la législation, un distributeur d’énergie présente ce type de difficulté.”

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