Namur et Luxembourg ? “Une terre de PME !”

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Deuxième étape de notre top provincial, les provinces de Namur et de Luxembourg ne sont pas seulement les plus vertes de Wallonie mais également le siège de nombreuses PME dynamiques et innovantes.

Retrouvez le classement complet des 100 premières entreprises des provinces de Namur et Luxembourg dans le magazine Trends-Tendances daté du 23 février 2012. Un palmarès établi sur base des données du Trends Top.

Provinces à plus faible densité de population que la moyenne des provinces wallonnes, Namur et Luxembourg se distinguent par un tissu économique essentiellement composé de (très) petites et moyennes entreprises, parmi lesquelles émergent quelques grandes. Professeur d’économie aux Facultés universitaires Notre-Dame de la Paix et à l’Université catholique de Louvain, Marcus Dejardin analyse les classements de notre top provincial.

Quelles sont les particularités de la province de Namur dans le paysage économique wallon ?

C’est une province assez diverse où l’on retrouve quelques grandes entreprises et de nombreuses PME et qui comprend avec la capitale de la Région wallonne, un pôle administratif et de services relativement important. Loin de vouloir dresser un tableau exhaustif, on retrouve ainsi le long du sillon Sambre-et-Meuse d’une part, à l’ouest de la province (à Jemeppe-sur-Sambre et Sambreville notamment) quelques grandes industries telles que Solvay, AGC Glass Europe ou encore Saint-Gobain ; et d’autre part, à l’est, dans la région d’Andenne, l’exploitation de carrières et des PME manufacturières. En ce qui concerne les PME, on peut pointer le parc Crealys où des starters et spin-off se sont installées, comme tout récemment Fytofend, une spin-off des FUNDP qui planche sur des alternatives biologiques pour la protection de plantes. Par ailleurs, n’oublions pas le parc Ecolys qui est dévolu à l’écoconstruction et à la construction durable. Quant à Namur, elle abrite de nombreuses administrations, sociétés de services ainsi qu’une université. Autant d’institutions et d’entreprises qui génèrent pas mal d’emplois directs et indirects.

Des emplois qui sont aussi variés que l’environnement économique de la province ?

Certainement. Et les PME contribuent significativement à cette variété. Elles jouent aussi un rôle de dynamisation. Quand vous évoluez dans un environnement industriel avec la présence de grandes entreprises, on constate que les personnes jeunes et talentueuses vont privilégier l’embauche dans une entreprise plutôt que d’en créer une. C’est un choix qui peut être rationnel d’un point de vue individuel mais d’un point de vue collectif, cela ne favorise généralement pas le renouvellement des activités. De la même manière, à Namur, il peut être intéressant de postuler à un emploi de fonctionnaire.

Namur ne peut être réduite à sa seule dimension administrative…

L’administration participe à une dynamique spécifique. Ainsi, le récent accord sur la réforme de l’Etat ne devrait pas être sans conséquence en termes de relocalisation administrative vers la capitale wallonne. Mais Namur compte également de nombreuses entreprises privées, notamment dans sa périphérie. Par ailleurs, la présence de l’université et de hautes écoles en fait aussi un pôle d’enseignement et de recherche de haut niveau.

Quel rôle pour l’université en matière d’entrepreneuriat et d’innovation ?

Prenez le modèle de la Triple Hélice développé par le professeur Henry Etzkowitz (Stanford) qu’une collègue, le professeur Annick Castiaux, et moi-même avions récemment invité pour une conférence à Namur. Dans ce modèle, trois acteurs essentiels – les entreprises, les autorités publiques et l’université – entrent en interaction dans le développement de projets innovants et ce, en respectant l’autonomie et en valorisant les caractéristiques propres à chacun des acteurs. Cela étant, la poursuite de l’excellence à travers les missions fondamentales de l’université que sont l’enseignement, la recherche et le service à la communauté contribue déjà de manière significative au développement régional ainsi qu’à la cohésion sociale. Je prends un seul exemple qui me tient à coeur. Nous organisons depuis bientôt 25 ans des programmes à horaire décalé. Pour certains étudiants, cette offre constitue même une seconde chance qu’ils saisissent avec une motivation épatante.

Quels sont, selon vous, les effets du Plan Marshall ?

Ce plan a contribué à identifier les atouts et besoins majeurs et ensuite à concentrer les moyens sur quelques mesures. A cet égard, la création des pôles de compétitivité est emblématique du Plan Marshall. Ces derniers ont permis d’associer des grandes entreprises et des PME à des centres de recherche et à des laboratoires universitaires. S’il est encore trop tôt pour mesurer tous les effets de ce plan, des projets aboutissent à des résultats. Un enjeu est aujourd’hui d’en tirer toute la valeur.

La province de Namur bénéficie-t-elle de sa relative proximité avec Bruxelles ?

Bruxelles, et plus largement l’ancien Brabant, profitent, en effet, à la province de Namur. On le constate clairement dans le nord de la province, du côté de Gembloux – bien connue pour sa faculté d’agronomie – et d’Eghezée. Les entreprises qui viennent dans le Namurois y trouvent de l’espace et de bonnes connexions avec les autoroutes.

Dans le même registre, quel est l’impact du Grand-Duché sur la province de Luxembourg ?

L’effet frontalier favorise le pouvoir d’achat des habitants dans les communes proches du Grand-Duché. En termes de revenu total net par déclaration par commune, la région d’Arlon se situe clairement dans le haut du classement (30.000 euros et plus) à l’échelle de la province et de la Wallonie. Du point de vue de la dynamique entrepreneuriale, en revanche, il existe une contrainte salariale pour les entreprises. Un collègue qui travaille dans une haute école de la province me signalait récemment les difficultés qu’ils éprouvaient à recruter un responsable financier. Et ce n’est guère plus aisé pour les entreprises qui doivent revoir les salaires à la hausse afin d’attirer les compétences.

Quelles sont les spécificités de cette province en Wallonie ?

La grande spécificité du Luxembourg c’est l’espace. C’est la plus vaste province et la moins peuplée. En termes d’entreprises, le paysage est composé pour majorité de PME et TPE actives dans des secteurs relativement variés. On note toutefois quelques grandes entreprises. Citons L’Oréal, Burgo, Ferrero. Votre classement en donne une liste. En termes de filière, citons le bois. Ainsi qu’une activité touristique très importante.

Quelle est l’importance de l’axe Bruxelles-Luxembourg pour ces deux provinces ?

Elle est grande. Mais c’est surtout le long de la N4 que l’on observe un développement économique important. Il suffit de voir le dynamisme de Marche-en-Famenne. Plus qu’un axe, c’est plutôt une banane qui va de Namur à Arlon où l’on retrouve le plus grand nombre d’entreprises. Une fois de plus, il faut tenir compte de la densité de population. Vous trouverez naturellement davantage de PME là où vous avez davantage d’habitants. Dans les zones où vous comptez de nombreuses entreprises, vous aurez logiquement plus de salariés. Et dans le même temps, dans les régions peu peuplées et peu industrialisées, vous trouverez plus de très petites entreprises car une des possibilités de dénicher un emploi est de le créer en montant sa propre affaire.

Propos recueillis par Guy Van den Noortgate

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