Mobistar, grand perdant de la guerre des prix

© Belga

Les revenus et les marges baissent dans tout le secteur du mobile. Mais Mobistar souffre encore plus que Belgacom et Base.

L’année 2013 n’a pas été un grand cru pour les opérateurs mobiles. Tous ont bu la tasse, à des degrés divers. Leurs revenus ont chuté d’environ 10 % et leurs marges sont sous pression. La faute à la guerre des prix que se livrent Belgacom, Mobistar et Base depuis septembre 2012, date d’entrée en vigueur de la loi télécoms, qui permet aux clients de quitter leur opérateur après six mois sans frais. Le succès fulgurant des plans tarifaires de Telenet (King et Kong) n’a fait qu’ajouter de l’huile sur le feu. “La baisse des revenus et des profits dans le secteur télécoms a commencé il y a quatre ou cinq ans, avec la régulation du roaming et des tarifs de terminaison (frais facturés lors d’un appel d’un opérateur à l’autre, Ndlr). Mais le mouvement s’est accéléré fin 2012”, note Bart Jooris, analyste télécoms à la banque Degroof.

Les résultats annuels 2013 dévoilés par les opérateurs permettent de jauger les forces en présence. Le grand perdant se nomme Mobistar. La filiale de France Télécom, qui a annoncé un avertissement sur résultats et la suspension du dividende en juillet 2013, provoquant l’effondrement de son cours de Bourse, n’en finit pas de décevoir les marchés. Malgré des résultats en ligne avec les attentes (pessimistes), l’action a une nouvelle fois décroché la semaine dernière. “Le problème, ce sont les guidances 2014, qui sont plus mauvaises que prévu. Le marché se demande quand la chute des profits va s’arrêter.” Mobistar prévoit un Ebitda situé entre 250 et 280 millions d’euros, alors que les investisseurs le voyaient à 300 millions. En 2012, l’Ebitda atteignait encore 482,6 millions.

262.000 clients Mobistar sont partis voir ailleurs Mobistar n’est pas le seul opérateur à voir ses marges se resserrer. Mais l’inquiétude porte aussi sur une perte importante de clients : 262.000 d’entre eux sont partis voir ailleurs en 2013. L’entreprise paye son positionnement : ni low cost (Base), ni premium (Belgacom). Sur le dossier de la 4G, Mobistar a choisi d’attendre d’avoir une couverture suffisante avant de se lancer, accentuant son image de dernier de la classe. L’opérateur est aussi de plus en plus dépendant de Telenet, qui lui apporte, via son partenariat sur King et Kong, plus d’un quart de sa clientèle. Enfin, les perspectives de croissance de Mobistar sont bouchées par l’absence d’offre fixe, depuis son retrait du marché en mai dernier. L’ouverture du câble à la concurrence ne permettra pas à l’entreprise de relancer une offre triple play (TV, Internet, téléphone fixe) avant la fin de l’année. Mobistar n’est pas encore sorti du brouillard.

Gilles Quoistiaux

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content