Les trois détails qui tuent les bons résultats de Renault

Flop 5 du marché automobile français (avril 2011) Renault : - 23,5 %

Ce n’est pas parce que Renault réalise 1,7 milliard de bénéfices quand PSA affiche 5 milliards de pertes que la marque au losange est en excellente santé. Explications.

Le contraste est de plus en plus saisissant entre un PSA qui se noie et un Renault qui rayonne. Alors que le premier a publié une perte historique d’un peu plus de 5 milliards d’euros mercredi, le second a annoncé ce jeudi un bénéfice de 1,7 milliard d’euros. Financièrement, tout est là pour creuser l’écart entre les deux rivaux: PSA a déprécié pour 4,7 milliards d’actifs, Renault pour un peu plus de 600 millions, PSA avait une trésorerie opérationnelle en perte de trois milliards fin 2012, tandis que celle de Renault était positive de près de 600 millions d’euros -très au-dessus de ce que prévoyaient les analystes d’ailleurs. Enfin, la dette de PSA s’élève à 3 milliards d’euros, alors que Renault a réussi l’exploit de se désendetter entièrement.

Bref, entre les deux constructeurs automobiles c’est le jour et la nuit. Sauf si l’on regarde la division automobile de Renault, qui ne se porte en réalité pas beaucoup mieux que celle de PSA. Explications en trois points.

Les bons résultats sont essentiellement dûs à Nissan

Le groupe Renault (marques Renault, Dacia et Samsung Motors) n’est pas en si bonne santé qu’il n’y paraît. En 2012, son bénéfice d’exploitation est ressorti à 122 millions d’euros, contre 1,2 milliard un an auparavant. Dans la division auto le constructeur accuse même une légère perte opérationnelle de 25 millions d’euros, contre une marge opérationnelle positive de 330 millions en 2011. A comparer aux 1,5 milliard d’euros de pertes de PSA, cela peut sembler dérisoire. Sauf que cela signifie tout de même que Renault perd de l’argent dans ce qui est le coeur de son activité.

En réalité, l’essentiel de ses profits provient de Nissan, l’allié japonais dont Renault détient 43,4% du capital, et dont il récolte chaque année une bonne partie des bénéfices. Ainsi, sur les 1,7 milliard de profits réalisés en 2012, 1,2 sont à mettre à l’actif du groupe nippon. Auxquels on peut aussi ajouter les 924 millions de plus-values liées à la cession des derniers titres détenus dans Volvo.

On pourrait se féliciter de l’excellent partenariat conclu avec Nissan. Sauf que même sur ce point la prudence s’impose. L’an dernier, le constructeur nippon, dirigé par Carlos Ghosn, a affiché des résultats en net repli (bénéfices en chute de 35%), quand ses concurrents Toyota ou Honda ont réalisé des années exceptionnelles. La divergence des performances entre Renault et Nissan alimente par ailleurs la polémique sur la moindre implication supposée du président de l’alliance envers sa partie française.

Renault souffre de son manque de positionnement stratégique

Outre la crise du marché européen, qui a gravement touché tous les constructeurs généralistes l’an passé, Renault souffre d’un manque de positionnement de ses marques évident. En 2012, ses ventes ont chuté de 18% en Europe (-6,3% dans le monde), soit bien plus que la chute du marché européen lui-même (-8,2%). Cela s’est logiquement traduit par une baisse de son chiffre d’affaires au niveau mondial de 3,2%, à 41,3 milliards d’euros.

Une gamme vieillissante (Espace, Laguna), un abandon total du marché du haut-de-gamme (la Latitude est un dérivé de la Samsung SM5), plusieurs échecs de modèles récents (Wind)… Renault ne semble toujours pas avoir résolu sa crise identitaire (A noter que 2013 pourrait être l’année de la reconquête avec pas moins de 15 nouveaux modèles). Les petits modèles “traditionnels” comme les Twingo et Clio ne sont pas rentables, comme l’a d’ailleurs reconnu ce jeudi Carlos Ghosn.

En guise de réconfort, il y a un an le groupe pouvait se féliciter du succès -inattendu- de sa marque à bas coûts Dacia. Mais aujourd’hui, même celle-ci s’essouffle un peu. Au niveau mondial, elle affiche une hausse des ventes de 4,8%, mais en Europe, les ventes se sont effondrées de 4,3%. La Logan par exemple a chuté de 22,3% l’an dernier sur le Vieux Continent. Quant à l’électrique, sur lequel Renault a énormément misé, le groupe s’est montré curieusement très discret ces derniers temps sur le sujets. Récemment, Carlos Ghosn avouait toutefois des premiers résultats de ventes décevants.

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