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‘Les règles comptables laissent trop d’espace pour la fraude’

Pour l’investisseur, il est presque impossible de faire son devoir parfaitement, estime Jasper Vekeman, journaliste pour la version néerlandophone de Trends.

La comptabilité d’une société est remplie de chiffres, mais cela n’en fait pas pour autant une science exacte. Ces quelques chiffres doivent bien sûr veiller à synthétiser une réalité complexe. Et ce n’est pas une tâche facile. C’est pourquoi les règles comptables laissent beaucoup de latitude. Il existe ainsi une douzaine de définitions du bénéfice. Pourtant, cela paraît un concept simple: le bénéfice est la différence entre les recettes et les coûts. Mais cela ne s’avère pas aussi simple.

La liberté dont les sociétés bénéficient, également sous les nouvelles règles IFRS, est la conséquence du choix difficile devant lequel se trouve le régulateur. Soit enfermer les sociétés dans un carcan de normes définies strictement, ce qui risque de faire s’éloigner les chiffres de la réalité. Soit donner de la liberté aux directeurs financiers, de telle manière qu’ils puissent approcher la réalité de leur entreprise, le risque étant alors que la comparaison devienne impossible.

Pour l’investisseur, il est pratiquement impossible de faire son devoir correctement.

Aujourd’hui, on voit les deux, bien plus souvent que nécessaire. Les sociétés ne prennent par exemple pas en considération toutes sortes de frais ‘uniques’, ce qui fait que les chiffres malmènent la réalité. Et dans la pratique, la comparaison devient aussi particulièrement difficile à faire.

Pourquoi chaque société adopte-t-elle d’autres comptes annuels, avec d’autres chiffres ? Pourquoi chaque bilan n’est pas constitué des mêmes postes ? Pourquoi est-il parfois tellement difficile de savoir précisément le niveau de la dette d’une société ? Pourquoi chaque tableau des flux de trésorerie a-t-il une autre structure ?

Cela ne veut pas nécessairement dire que les investisseurs de sociétés veulent frauder consciemment. Mais pour l’investisseur, il est néanmoins pratiquement impossible de faire son devoir correctement, comme on l’attend de lui. Des statistiques, on dit avec mépris qu’on peut leur faire dire ce que l’on veut. D’un comptable, on peut tout de même attendre plus, non ?

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