Les quatre erreurs de Nokia

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L’ancien numéro un du GSM tombe dans l’escarcelle de Microsoft. Ce rachat fait suite à une fulgurante descente aux enfers de l’entreprise finlandaise. Qu’est-ce qui a cloché chez Nokia ?

Les difficultés récurrentes de Nokia au cours de ces dernières années ont transformé l’entreprise finlandaise en proie de choix pour les sociétés actives dans le secteur bouillonnant des télécoms. Et c’est finalement le géant aux poches profondes Microsoft qui fait main basse sur l’ancien fleuron du GSM. L’entreprise américaine débourse 5,44 milliards d’euros pour acquérir la division téléphonie de Nokia, ses services de cartographie et une kyrielle de brevets.

Complètement largué par la concurrence, financièrement exsangue, l’ancien leader du marché du téléphone mobile tente de se refaire une santé en intégrant Microsoft.
Comment l’entreprise finlandaise en est-elle arrivée là ?

Le tournant du smartphone mal négocié On l’oublie souvent, mais Nokia s’est lancé dans le smartphone avant qu’Apple ne commercialise l’iPhone. Ses téléphones mobiles connectés à l’Internet tournaient avec le système d’exploitation Symbian, développé en interne par Nokia. Peu fonctionnels et peu ergonomiques, ces téléphones portables constituaient la première génération de smartphones. C’est avec ce type d’appareils que Nokia a longtemps dominé le marché du téléphone portable en général, et même celui du smartphone ! Fin 2010, selon le consultant spécialisé IDC, Nokia contrôlait encore 28 % des ventes mondiales de smartphones, largement devant Apple (14 %) ! Mais Nokia n’a pas réussi à prendre le virage entamé quelques années plus tôt par la firme à la pomme. Lors de l’arrivée de l’iPhone en 2007, avec son écran tactile et surtout son incroyable marché d’applications, Apple a révolutionné le marché et imposé de nouveaux standards. Nokia n’est pas parvenu à suivre. Une domination en trompe-l’oeil Longtemps, Nokia a dominé les ventes mondiales de téléphones portables. Aujourd’hui encore, Nokia est le deuxième constructeur de GSM derrière Samsung. L’entreprise finlandaise en a vendu 61 millions au dernier semestre, ce qui représente 14 % de parts de marché. Mais ces ventes sont essentiellement soutenues par les GSM d’ancienne génération, qui ne disposent pas de connexion Internet. Ces téléphones portables représentent encore une proportion importante des ventes en Europe et aux Etats-Unis, mais aussi et surtout dans les pays émergents. Problème : ces appareils bon marché, soumis à une concurrence intense de la part des acteurs chinois comme Huawei ou Lenovo, dégagent des marges très faibles en comparaison du juteux marché des smartphones. Lumia : le réveil tardif Ce n’est qu’en novembre 2011 que Nokia s’est enfin décidé à sortir une nouvelle gamme de smartphones – les Lumia – capables de rivaliser avec Apple et Samsung, devenus les champions incontestés du marché. Malgré des spécifications techniques et des prix comparables à ceux de ses concurrents, Nokia n’a pas réussi à convaincre le consommateur de l’attrait de ses nouvelles machines. Les ventes sont en hausse constante, mais les Lumia ne sont pas parvenus à titiller les deux poids lourds du secteur. Au dernier trimestre, 7,8 millions de Lumia ont été vendus dans le monde. Sur la même période, Samsung a vendu… 72 millions de smartphones. Dix fois plus. Windows Phone : le pari hasardeux

Parallèlement à la commercialisation de la gamme Lumia, l’entreprise finlandaise a conclu un accord avec Microsoft. Abandonnant son propre système d’exploitation (Symbian), Nokia décidait de tout miser sur Windows Phone, la version mobile de la célèbre plateforme de Microsoft. Problème : iOS (Apple) et Android (Google) avaient déjà à l’époque largement asséché le marché. Difficile pour un troisième larron de convaincre le consommateur. D’autant que le marché d’applications de Microsoft a longtemps peiné à s’enrichir. Or, il s’agit d’un élément crucial pour l’utilisateur de smartphone, avide de pouvoir enrichir son appareil d’une multitude de fonctionnalités. Près de trois ans après son lancement, Windows Phone occupe à peine 3,7 % de parts de marché au niveau mondial.
Le pari du rapprochement Nokia-Microsoft est jusqu’à présent loin d’avoir porté ses fruits.

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