Les pilotes de Brussels Airlines déposent un préavis de grève

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Les syndicats de la compagnie aérienne Brussels Airlines ont déposé, en front commun, un préavis de grève ce vendredi. Une action de grève pourrait être possible à partir du 11 mai.

Les quelque 500 pilotes de Brussels Airlines avaient jusqu’à ce vendredi pour voter et se prononcer sur les “ultimes” propositions de la direction, formulées il y a une semaine. La plupart d’entre eux n’ont toutefois pas accédé à ces demandes.

Seuls 8% des pilotes ont accepté les propositions de la direction, indiquent les syndicats. Parmi les autres votants, 80% se sont montrés en faveur d’une grève.

Ce conflit social constitue un premier test pour l’Allemande Christina Foerster, la nouvelle administratrice déléguée de la compagnie depuis le 1er avril.

“Le signal fort de la part des pilotes est clair: depuis le changement de pouvoir il y a deux mois, aucune clarté concrète n’a encore été faite sur les projets d’avenir au sein du groupe Eurowings”, constatent les syndicats. Ceux-ci attendent dès lors que la direction leur présente rapidement un plan de croissance clair pour Brussels Airlines, “avec une place pour tous ceux qui ont fait des efforts ces dernières années pour la compagnie”.

La proposition d’octroyer aux pilotes une augmentation supplémentaire du pouvoir d’achat de 3% en 2020 “s’il n’y a pas de croissance” leur fait notamment froncer les sourcils. Elle a pourtant été formulée afin de dissiper leurs incertitudes pour l’avenir, les pilotes craignant ne pas pouvoir bénéficier d’autant d’opportunités de croissance au sein de l’entreprise.

“Nous comprenons cette incertitude mais nous avons déjà dit que nous entendions croître”, réagit la direction. Si la compagnie améliore effectivement ses chiffres en la matière, les pilotes pourront évoluer en son sein et, de la sorte, gagner davantage.

Direction et syndicats disposent désormais de sept jours pour trouver une solution. Une grève pourrait donc être possible à partir du 11 mai à la mi-journée, à moins que des actions spontanées ne soient organisées d’ici là. Aux mois de janvier et février derniers, les pilotes avaient ainsi déjà mené des actions de zèle afin de se faire entendre. Celles-ci avaient occasionné des retards quotidiennement, de quelques minutes à un quart d’heure, sur des dizaines de vols.

Si le processus devait aboutir à une grève, il s’agirait seulement de la deuxième en 16 ans d’histoire pour Brussels Airlines. La seule recensée jusqu’à présent remonte à 2013, lorsque les pilotes avaient arrêté le travail durant une journée.

Une réunion de conciliation en commission paritaire est donc prévue lundi, avant une entrevue intersyndicale mercredi, indique-t-on du côté de la CNE. Une décision sera alors prise sur un éventuel mouvement de grève les 14 et 16 mai. Le syndicat chrétien souhaiterait en outre étendre le mouvement au personnel de cabine. Si aucune solution au conflit n’est trouvée dans les jours à venir, il n’exclut pas non plus qu’une action de grève par semaine soit organisée par la suite.

Didier Lebbe, secrétaire permanent CNE, déplore d’ailleurs “une consultation sociale défaillante” chez Brussels Airlines, dont la direction se montre “réticente” depuis des années à résoudre les problèmes existants, classant la moindre demande comme “déraisonnable ou dangereuse pour l’entreprise”.

Le syndicaliste dénonce que le personnel doive “encore” faire des efforts alors que la compagnie a annoncé des résultats “faramineux”. Les pilotes, comme le personnel de cabine, ne sont pas protégés par la législation sur le temps de travail, rappelle-t-il notamment, avec pour résultat des prestations jusqu’à 14 heures, sept jours d’affilée, avec des changements d’horaire constants.

Sur 100 pilotes, 10 ne parviendront pas à terminer leur carrière, car presque la totalité d’entre eux perdront leur licence après l’âge de 55 ans, illustre-t-il à propos du débat sur l’âge de la pension pour ces travailleurs.

S’agissant de la problématique salariale, les pilotes ont fourni 33% des économies, alors qu’ils ne représentaient que 14% du personnel, lorsque l’entreprise a failli faire faillite, situe Didier Lebbe. Et ils contribuent encore à ces économies “alors que le marché est en plein essor comme jamais auparavant”.

“Leur valeur marchande accrue est valorisée chez tous les concurrents, sauf chez Brussels Airlines”, résume-t-il.

La direction regrette le dépôt du préavis de grève

De son côté, la direction de Brussels Airlines regrette le dépôt de ce préavis de grève, a-t-elle réagi vendredi midi. Cela alors qu’une procédure de conciliation entre les deux parties est encore en cours, souligne-t-elle.

La direction s’efforcera de trouver des solutions lors des réunions qui sont encore prévues dans le cadre de cette conciliation, assure une porte-parole de Brussels Airlines.

La première entrevue est prévue lundi.

La direction a déposé une proposition sur la table des négociations il y a environ une semaine. En ce qui concerne les salaires, elle y propose que les pilotes récupèrent les augmentations barémiques qu’ils avaient laissées tomber ces dernières années.

Ces derniers bénéficieraient en outre d’une augmentation d’environ 3% en 2019. Cela se ferait via un “plan cafétéria”, où les pilotes pourraient choisir parmi des jours de congé, du cash, un smartphone, etc.

Une nouvelle hausse de 3% devrait ensuite suivre en 2020, “si Brussels Airlines n’enregistre pas de croissance’. La direction a voulu, de la sorte, dissiper l’incertitude qui régnait à la suite de l’intégration de la compagnie belge au sein du groupe Eurowings. Les pilotes craignent, de leur côté, d’avoir moins de possibilités de croissance au sein de l’entreprise (de copilote à commandant de bord, de vols court courrier à longue distance). Si la croissance est au rendez-vous, ils pourraient effectivement bénéficier de promotions et, ainsi, gagner davantage.

La direction a par ailleurs proposé par exemple six jours de congé supplémentaires pour les pilotes de plus de 60 ans. Et un dossier est en cours de préparation afin de faire reconnaître les emplois de pilotes et de personnel naviguant comme des métiers pénibles.

“Nous estimons qu’une belle offre se trouve sur la table”, confie Kim Daenen, porte-parole de la compagnie. Elle regrette dès lors que les pilotes aient voté en faveur d’une grève alors qu’une procédure de conciliation est en cours et qu’une série d’éléments doivent encore être discutés.

Brussels Airlines informera les clients des démarches à entreprendre si une grève est finalement bien organisée.

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