Les patrons de PME ont trop confiance en leur “sentiment”

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Soit la plupart des patrons de PME sont trop pessimistes par rapport à la situation de leur entreprise, soit ils voient tellement la vie en rose qu’ils ignorent les dangers qui les menacent, ce qui est pire encore.

Trop d’entrepreneurs ne sont actuellement pas en mesure d’évaluer correctement leur situation financière et se laissent souvent guider plus par leur sentiment que par la réalité, ressort-il d’une enquête du Syndicat neutre pour indépendants et du bureau d’études Graydon, présentée mardi.

En juin 2010, 444 dirigeants de PME avaient répondu à une enquête du SNI sur leur crainte de faire faillite dans les six mois. Ces réponses ont ensuite été étudiées, au début de l’année 2011, par Graydon sur base de la situation réelle des entreprises en question.

Il apparaît notamment que, si 7 % des entrepreneurs disaient craindre une faillite, une seule entreprise a finalement connu ce cas extrême dans les mois qui ont suivi. Néanmoins, 56 % des PME qui disaient craindre une faillite “se trouvaient en effet en mauvaise posture” et étaient confrontées à des problèmes aigus ou modérés. En revanche, près de 45 % peuvent en réalité être décrites comme saines et “se laissent plutôt influencer par des échos négatifs sur la crise économique”.

Plus grave que les patrons pessimistes : ceux qui voient la vie trop en rose !

“Le plus grave, c’est que, parmi les PME qui disent ne pas craindre la faillite, une sur quatorze (7,28 %) se trouve pourtant bel et bien face à des problèmes aigus, déplore Christine Mattheeuws, présidente du SNI. Leurs dirigeants voient la situation trop en rose et c’est en fait bien plus dangereux.”

En outre, 22 % de ces entreprises présentent un taux d’endettement supérieur à 90 %, contre 48 % pour les PME qui disent craindre une faillite. “Il s’agit clairement d’entrepreneurs qui n’ont vraiment aucune idée de la gestion de leur entreprise !”, prévient Christine Mattheeuws.

Pour réduire le nombre de faillites, les entrepreneurs interrogés avancent plusieurs mesures, dont l’injonction de payer et les mesures d’aide mises en place par l’Etat (report du paiement des cotisations sociales, chômage économique pour les employés, etc.).

Les dirigeants de PME qui ont peur d’une faillite privilégient toutefois plus l’idée d’obliger les banques à accorder des crédits que celle d’une procédure simplifiée pour la récupération des factures impayées. “Cela peut indiquer de leur part une mauvaise gestion des dossiers débiteurs”, soulignent les auteurs de l’étude.

Vers une relation plus étroite entre les entrepreneurs et leurs comptables ?

Face à ces nombreux constats, le SNI estime essentielle la mise en place d’une relation plus étroite entre les entrepreneurs et leurs comptables pour que les premiers disposent d’une vision claire de leur comptabilité et situation financière.

“Nous plaidons pour un parcours régulier que les comptables doivent effectuer avec leurs clients entrepreneurs, ajoute la patronne du syndicat. Nous aimerions que les comptables prennent l’engagement, vis-à-vis de leurs clients, de les avertir lorsque certains clignotants s’allument. Lorsqu’une limite est dépassée, il est souhaitable que le comptable informe immédiatement l’entrepreneur.”

Le Syndicat neutre pour indépendants encourage également les autorités à lancer une campagne de sensibilisation et de promotion en faveur de la loi sur la continuité des entreprises, qui est entrée en vigueur en 2009 pour remplacer l’ancien concordat judiciaire mais reste trop peu connue des entrepreneurs.

Trends.be, avec Belga

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