Les oeufs, stars du bio

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Les oeufs bios – dont le prix reste abordable – ont de plus en plus la cote en Belgique, surtout depuis la crise du fipronil.

Le produit bio le plus acheté

En 2016, 14 % des oeufs consommés en Belgique étaient bios, contre 3,2 % de parts de marché pour l’ensemble des produits bios la même année. Si les parts de marché des produits issus de l’agriculture biologique ont doublé en neuf ans, celles des oeufs bios progressent encore plus nettement. En Wallonie, ce produit représentait 17,8 % des parts de marché en 2016, par rapport à 13,5 % l’année précédente. ” La consommation des oeufs bios explose, confirme Noémie Dekoninck, chargée de communication à Biowallonie, une structure qui encadre le développement des producteurs bio wallons. Avec les substituts de viande, c’est le produit le plus acheté par les consommateurs en bio. Bruxelles a explosé cette année. ”

Une des pistes d’explication : même plus cher, pour un aliment de base qui contient une protéine complète, susceptible de remplacer la viande, l’oeuf bio reste abordable. ” Le prix ne diffère pas tellement, alors qu’au niveau de la santé et de la qualité, il y a vraiment une différence importante, suggère Noémie Dekoninck. Pour les gens, c’est un produit qui vaut la peine d’être acheté en bio. De plus, on en trouve très facilement dans beaucoup de grandes surfaces, ajoute-t-elle. Les gens y ont accès facilement. “

Les oeufs, stars du bio

Merci Fipronil

Plusieurs producteurs d’oeufs bios l’attestent : la crise du fipronil de l’été dernier a dopé leurs ventes. ” Sur la partie qui part en local, là où je vendais 1.500 oeufs, j’en ai vendu 2.500 la semaine suivante, témoigne Laurent Decaluwe, responsable de la production du poulailler de la Ferme des Longs-Prés. ” ” A partir du moment où les gens savaient qu’aucun oeuf bio belge n’était contaminé, nous avons vraiment vu une augmentation, témoigne Pierre-Yves Censier, lui aussi producteur. En été d’habitude, c’est creux. Cette année, en plus de ne pas avoir de chute, nous avons presque doublé par rapport à un été classique. Avec la crise, il y avait de plus en plus de demandes et de moins en moins d’oeufs. Nous nous sommes retrouvés avec des oeufs plein air qui étaient quasi au prix des oeufs bios en magasin. ” Pour le producteur, il est clair qu’une partie de ces nouveaux consommateurs est restée sur le bio aujourd’hui.

Marqués d’un “0”

Si le code estampillé sur la coquille commence par un 0, l’oeuf est bio. Cela signifie que la poule a mangé 100 % bio et en partie local. Les poules d’élevage bio doivent notamment aussi sortir librement et disposer d’assez d’espace. Elles ne peuvent recevoir d’antibiotiques que si elles tombent malades, pas de façon préventive. Des organismes de contrôles et de certification vérifient régulièrement que les producteurs respectent les cahiers des charges européens et wallons.

Les oeufs, stars du bio

Bulle bio ?

En Wallonie, les poules pondeuses de l’agriculture bio sont six fois plus nombreuses qu’en 2009. L’augmentation est de 13,7 % entre 2015 et 2016. Pour Noémie Dekoninck, cela s’explique en partie par la tendance des agriculteurs bios à diversifier leur production. ” Ils sont souvent amenés à avoir quelques animaux pour produire de l’engrais organique pour leur exploitation maraîchère et végétale, explique-t-elle. Cela diminue leur dépendance aux entreprises pour acheter des engrais organiques. Et un poulailler n’est pas trop contraignant. ”

Résultat : de plus en plus d’agriculteurs bios se lancent dans une petite production d’oeufs. Mais le secteur voit aussi débarquer de gros projets. ” Beaucoup d’agriculteurs conventionnels se demandent comment augmenter leur rentabilité. Une des pistes, c’est de créer un poulailler de poules pondeuses, explique Bénédicte Henrotte, chargée du développement de filières à Biowallonie. Il y a un marché, pour le moment en tout cas, et la grande distribution pousse beaucoup. Notre crainte, confie- t-elle, c’est que des projets de trop grosse ampleur ou trop nombreux voient le jour en même temps, qu’il y ait une saturation du marché, que le prix chute et que la rentabilité ne soit plus au rendez-vous. En oeufs bios, il y a très peu d’aides extérieures. Le prix d’achat doit vraiment financer l’activité. ” Certains producteurs partagent ces craintes. ” Aujourd’hui, mes grossistes cherchent des oeufs à l’étranger pour pouvoir répondre à la demande belge, témoigne Laurent Decaluwe. Le bio se porte bien, mais c’est sûr que si vous avez cinq ou six gros projets qui se réalisent, cela se rééquilibrera. “

En chiffres

17,8 %

C’est la part de marché des oeufs bios en Wallonie en 2016, contre 4 % pour l’ensemble des produits bio. Le chiffre était de 13,5 % en 2015.

20 %

La consommation d’oeufs bios a augmenté de 20 % à Bruxelles entre 2015 et 2016. L’augmentation est de 18 % en Wallonie de 7 % en Flandre.

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