Les festivals de films de voyage, côté business

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Les festivals dédiés aux films de voyage et d’aventure se multiplient. Les organisateurs profitent de l’intérêt grandissant des spectateurs pour faire baisser progressivement leur dépendance au parrainage.

Pionnier, le Banff Montain Film Festival est le plus grand festival de films d’aventure en montagne au monde. Cette compétition cinématographique internationale annuelle est née en 1975 dans la ville de Banff, au creux des Rocheuses canadiennes. En 2009, le ” Banff ” débarque à Bruxelles : Patrick Toby, passionné de sports et ancien voyageur, achète les droits de diffusion des films qu’il sélectionne pour la Belgique. Le succès est au rendez-vous : l’an dernier, le festival est parti en tournée avec 17 dates belges et une escale au Luxembourg, des soirées presque toutes sold out.

Sur sa lancée, Patrick Toby lance l’Océan Film Festival en 2013, lui aussi importé de l’étranger. La version belge de ce festival australien consacré à l’océan a rassemblé 4.000 personnes lors de sa dernière édition. Entretemps, l’entrepreneur a fondé l’agence événementielle Cap Mundo. Cette petite structure au chiffre d’affaires de 200.000 euros crée un troisième festival en 2017 : Maurice l’Aventure, le festival du film de voyage et d’aventure de Bruxelles.

A côté de ces festivals qui se sont professionnalisés, d’autres événements se partagent le marché belge des festivals du film d’aventure. Deux passionnés de mer et de voile, Pierre-Yves Martens et Alexandre Homez, organisent depuis trois ans Into The Blue, le festival de la mer de Bruxelles. Le cyclotourisme a également son propre festival : à Watermael-Boitsfort, le groupe local du Gracq, une association qui défend les intérêts des cyclistes, a conçu En roue libre, le festival du voyage à vélo. ” Ces festivals marchent parce qu’ils représentent le possible, analyse Nicolas Marquis, professeur de sociologie à l’Université Saint-Louis. Les films entretiennent le fantasme que je peux tout lâcher, que tout le monde peut le faire. ”

Subventions et bénévolat

Mais ces évènements qui valorisent l’exploit et le dépassement de soi roulent surtout grâce aux soutiens publics et privés. Le Gracq a ainsi reçu des soutiens de la commune de Watermael-Boitsfort, d’une mutualité et d’autres associations, ce qui permet de maintenir le prix du ticket à 5 euros.

Pour Into The Blue, les aides publiques (Bruxelles Environnement, Port de Bruxelles, Fédération Wallonie-Bruxelles, etc.) sont vitales, tout comme le travail des bénévoles, le prix des places ne suffisant pas à financer le festival. Ces subventions publiques sont accordées afin de promouvoir la protection de l’environnement océanique et sensibiliser à la pollution. ” On essaye toujours de faire un lien entre l’exploit et la protection du milieu marin “, explique Alexandre Homez. Les écoles de voiles, les clubs et les fédérations y trouvent une visibilité. Tout comme certaines marques qui revendiquent un esprit aventure, à l’image de Volvo.

Chez Cap Mundo (deux temps plein), les entreprises sponsorisent les événements à hauteur de 35 % du budget. BMW, Osprey et Air Canada, entre autres, participent à l’aventure. Avec un budget de 226.000 euros, le Banff parvient à se financer par la vente des tickets à hauteur de 65 %. Les droits d’auteurs représentent 26 % du budget total. ” On les paie deux fois : au distributeur canadien et à la Sabam. Ce n’est pas normal “, glisse Patrick Toby. Même son de cloche à Into The Blue, où un tiers au minimum du budget est consacré aux droits d’auteurs, mais aussi aux frais de déplacement des réalisateurs ou des sportifs qui doivent chercher de la visibilité pour leurs sponsors.

Et côté audience ?

Les trois festivals de Cap Mundo rassemblent près de 14.000 spectateurs par an. ” On a un public fidèle qui suit nos différents festivals “, précise Patrick Toby. Un public en progression, comme celui de l’Ocean Film Festival. Ces événements s’adressent surtout à des communautés. ” Ces festivals créent un esprit clanique. Ce sont des passionnés qui se retrouvent pour discuter “, ajoute Alexandre Homez.

Par Fanny Declercq.

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