“Les entrepreneurs de la génération Y ne sont pas tous technophiles”

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Les jeunes entrepreneurs du monde entier ont des attitudes variées face à l’organisation du travail, à la technologie et à son utilisation dans le cadre professionnel. Le groupe Sage, spécialisé dans les logiciels de gestion, publie une étude afin de mieux comprendre ses clients potentiels.

“La génération Y veut travailler pour vivre et non vivre pour travailler”, conclut une étude publiée par le groupe international de logiciel de gestion et de comptabilité, Sage. Et pourtant, 43,1 % des jeunes entrepreneurs belges donneraient la priorité à leur travail sur leur vie privée, selon l’enquête. C’est presque la moitié, c’est plus que la moyenne générale (33,6 %) et c’est même le pourcentage le plus important sur les 16 pays étudiés. Mais les entrepreneurs belges sont plus nombreux que la moyenne à déclarer que “le bonheur de leurs employés est ce qui les fait sortir de leur lit le matin”. C’est le cas pour un quart d’entre eux, alors que la moyenne générale est de 15,4 %.

Le rapport de Sage est basé sur l’analyse de 7.400 questionnaires remplis par des jeunes de 18 à 34 ans qui se définissent comme entrepreneurs. Une enquête en ligne menée en avril 2016 qui vise à cerner leurs profils. “Il était important pour nous de comprendre la génération Y, comment ils se comportent avec la technologie, quelles sont leurs valeurs comme entrepreneurs et comme employés. Nous sentons que les choses sont en train de changer sur le marché et il était important pour nous de l’analyser”, explique Alex Dossche, managing director de Sage Belgium. Le rapport annonce d’entrée de jeu des résultats inattendus, notamment en ce qui concerne l’attitude face à la technologie.

Au-delà de tendances larges ou de différences par pays, Sage insiste sur la nécessité de nuancer la notion de génération Y en tant que groupe homogène. L’étude classe les entrepreneurs de la génération Y en cinq catégories ou profils : les planificateurs, les technophiles, les instinctifs, les pragmatiques et les intrépides. Des catégories établies en fonction de trois critères : le degré d’inquiétude face à la technologie, la manière spontanée ou méthodique de faire du business et leur vision de l’impact social de l’entreprise et de son importance. “Chaque groupe a ses espoirs spécifiques, ses peurs, ses préoccupations et ses méthodes de travail”, explique Stephen Kelly, CEO de Sage.

Les jeunes entrepreneurs belges seraient parmi les plus instinctifs : “En Belgique, deux répondants sur trois déclarent écouter leurs tripes quand il s’agit de prendre une décision et 67,4 % être excités par l’inconnu”, révèle l’enquête. Un constat qui pousse Sage à dire que “les entrepreneurs belges sont parmi les moins analytiques de l’enquête”.

Cinq profils-types

Comme leur nom l’indique, les instinctifs se fient à leur instinct. Ils sont caractérisés par leur désinvolture, leur spontanéité et ont un appétit pour l’inconnu, la découverte. Selon Sage, leur rapport à la technologie est ambigu : “Ils adorent la technologie et comptent beaucoup sur elle pour networker, mais ils pensent qu’elle n’est pas indispensable à leur succès et qu’ils n’ont pas besoin du dernier gadget.” Pour ce groupe d’entrepreneurs, il est important d’être connu, de gagner de l’argent, de fonder une entreprise qui va décoller. “L’image de modernité qu’ils dégagent revêt beaucoup d’importance pour eux, de même que le fait de laisser un héritage pour lequel ils seront reconnus.” Pour cela, ils sont prêts à travailler énormément, mais espèrent pouvoir prendre leur retraite rapidement. Ils font plus souvent passer leur travail avant leur vie privée, “c’est la raison pour laquelle ils accordent de l’importance à la socialisation avec leurs collègues”.

L’enquête présente également un profil que l’on retrouverait principalement en Belgique, ainsi qu’en Suisse et en Pologne, les intrépides, ces jeunes entrepreneurs à la recherche de sensations fortes. Ce dernier profil est décrit comme n’étant “pas le moins du monde concerné par l’évolution de la technologie et indifférents à l’impact qu’elle pourrait avoir sur leur business.”

Ceux que l’étude de Sage baptise les planificateurs sont why, de la génération Y. Méthodiques et structuré, ils posent énormément de questions. Et ils ont des principes. Pour cette catégorie d’entrepreneurs, les valeurs priment sur le profit et ils veulent avoir un impact sur la société. “Ils est important pour eux d’apprécier leur travail, mais ils sont également ambitieux.” En ce qui concerne les aspects technologiques, l’étude fait le constat qu’ils ” donnent davantage d’importance aux personnes qu’à la technologie mais s’appuient sur des technologies payantes pour faire face à la concurrence.” Leur confiance dans les technologies mobiles les pousse à imaginer le futur de leur entreprise sans bureau et avec des employés aux quatre coins du monde.

29,3 %

des entrepreneurs belges se lancent pour concrétiser une idée, ce qui représente la raison principale devant le gain d’argent (24,3 %) et le fait de devenir maître de son destin (23,1 %).

Les pragmatiques se situent entre les planificateurs et les intrépides en ce qui concerne leur approche au travail : ils combinent approches méthodiques et décisions à l’instinct. Leurs choix technologiques vont vers des solutions gratuites. Pour assurer le succès de leur entreprise, ils mettent l’accent sur l’humain et le “monde réel”, avant la technologie.

Les technophiles allient la volonté de diffuser leurs idées et passion pour la technologie et les possibilités qu’elle offre. “Ils aiment leur travail et veulent partager leurs idées avec le monde entier, mais se sont démotivés par leur dépendance aux financement et par la situation du marché.” Contrairement à d’autres, ils estiment que le fonctionnement optimal de leur entreprise passe davantage par le bon usage de solutions technologiques que par l’humain. “Ils croient fermement dans les technologies gratuites et estiment que le networking via des réseaux sociaux numériques est crucial pour le succès de leur entreprise.”

Une génération pas assez “Sage” ?

Les variables étudiées incluent les valeurs, la motivation, la culture et l’attitude face à la part administrative de la vie de l’entreprise ou celle de l’indépendant. Une part importante des données de cette étude concerne l’utilisation de moyens technologiques dans le travail. “On pense que start-up équivaut à “digital” et que la génération Y est celle des technologies. Or, ils sont très digitaux quand il s’agit de réseaux sociaux, mais pour tout ce qui concerne les technologies qui permettent de gérer l’entreprise, ils ne sont pas du tout technophiles, insiste Alex Dossche. Deux tiers des Belges sous-estiment l’impact que peut avoir la technologie sur leur business. Nous constatons qu’ils ne savent pas du tout ce que peut leur apporter un logiciel de gestion, par exemple.”

Ce constat intéresse particulièrement Sage, qui commercialise des logiciels de gestion commerciale et de comptabilité, de paie et de paiements en ligne à destination des entreprises. C’est ce type de logiciels qui est visé sous les termes “technologies qui pourraient avoir un impact sur leur travail”. L’étude, baptisée Walk with me, permet donc au groupe de comprendre le comportement des jeunes créateurs de start-up envers le type de produits qu’il commercialise pour “mieux adapter ses services au gros marché que représentent les start-up et les petites PME, en Belgique notamment”, explique Alex Dossche.

“Cela confirme le sentiment qu’on avait, celui que les logiciels que nous concevons ne sont pas toujours implémentés de manière suffisamment professionnelle et réfléchie. C’est là qu’on a un rôle à jouer.” Les conclusions de cette étude appuient donc le positionnement stratégique de Sage, qui s’oriente de plus en plus vers le coaching d’entreprises et le conseil dans l’utilisation de ses logiciels.

LARA VAN DIEVOET

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