Les actionnaires de Daimler s’en prennent à l’alliance avec Renault

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Un certain nombre d’actionnaires du constructeur automobile allemand ont critiqué l’alliance annoncée la semaine dernière avec le groupe Renault-Nissan. Ils craignent notamment une perte de prestige de la marque.

Un certain nombre d’actionnaires du constructeur automobile allemand ont critiqué l’alliance annoncée la semaine dernière avec le groupe Renault-Nissan. Ils craignent notamment une perte de prestige de la marque.

La direction de Daimler a dû s’expliquer mercredi devant un parterre d’actionnaires plutôt sceptiques sur le bien-fondé de son alliance avec Renault et Nissan, qui risque pour certains de ternir l’image de la marque à l’étoile. “Il y a deux sujets qui touchent les actionnaires jusqu’à la moelle aujourd’hui”, a déclaré Lars Labryga, de la Société de protection des actionnaires, “la corruption et la coopération avec Renault-Nissan”. “Qui a aujourd’hui une idée claire de la façon dont Daimler va compenser la baisse de prestige” inévitablement liée selon lui à une alliance avec le groupe franco-japonais, a-t-il demandé à la cantonade, peu des 5.000 actionnaires présents se risquant à lever la main.

Daimler, le fabricant des berlines Mercedes et des petites Smart, a annoncé la semaine dernière une coopération avec Renault-Nissan dans les petites voitures: les groupes vont travailler à une “architecture commune” pour les petits modèles, en premier lieu la Smart et la Twingo de Renault. Pour sceller cette alliance, Daimler achètera 3,1% de Nissan et 3,1% de Renault. De leur côté, Renault et Nissan entreront dans le capital de Daimler à hauteur de 1,55% chacun.

Nombreux divorces côté Daimler

Pour les actionnaires de Daimler, cette nouvelle union est un double motif d’inquiétude. D’abord parce que le bilan de Daimler en matière de coopération est plus que mitigé: il a divorcé en 2007 de l’américain Chrysler, avec lequel il devait former un géant transatlantique, allié un temps au japonais Mitsubishi et au sud-coréen Hyundai. “L’échec sert de fil rouge à l’histoire des coopérations de Daimler”, a commenté Ingo Speich, venu s’exprimer au nom du fonds d’investissement allemand Union Investment.

Perte de prestige

Les petits actionnaires de Daimler présents mercredi –pour beaucoup déjà d’un âge avancé–, sentimentalement attachés au prestige de la marque à l’étoile, craignent de plus que “leur” constructeur ne se fourvoie en s’alliant avec le tout-venant.

Selon les analystes, un tel partenariat est incontournable pour le fabricant haut de gamme, alors que miser seulement sur les gros modèles ne suffit plus. Mais pour beaucoup d’actionnaires, c’est une mésalliance. “Vous ne pouvez pas me raconter qu’en Allemagne, Mercedes et Renault sont au même niveau” en terme d’image, a ainsi estimé sur le podium Ulrich Wecker, “cela ne rentre pas dans mon crâne de conducteur de Mercedes”. “Nous allons le payer très cher si nous nous unissons à une marque qui est beaucoup moins bien placée que nous dans l’échelle de popularité”, a-t-il estimé, sous les applaudissements nourris. “Est-ce-que ce que nous faisons c’est remettre à flot Renault?”, s’est interrogé Hans-Martin Buhlmann, venu représenter des petits actionnaires détenant un au total 8 millions de titres, semblant oublier que Daimler non plus n’était pas au mieux de sa forme, après une lourde perte l’an dernier.

En s’unissant à Renault-Nissan, “nous arrivons exactement à ce que nous voulions”, à savoir un renforcement de la Smart, a rétorqué le patron de Daimler Dieter Zetsche, visiblement excédé par les questions, et sans vraiment convaincre. Pour M. Labryga, la coopération avec le groupe franco-japonais fait peut-être sens, mais au final “c’est aussi le constat amer que vous avez échoué à vous établir sur le segment des petites voitures haut de gamme”.

Une analyse partagée par le groupe des actionnaires critiques de Daimler, pour qui la nécessité de conclure un nouveau partenariat est “une conséquence des échecs stratégiques des 10 dernières années”. Mais l’organisation considère aussi que les craintes sur le prestige de Mercedes exprimées par les autres actionnaires sont “des considérations dignes des années 70”.

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