Le vrai-faux carton de Nintendo

© Reuters

C’est “LA” sortie qui a affolé le monde des gamers à la fin de l’année 2016 : le 15 décembre, l’Apple Store a vu débarquer un petit nouveau, le jeu Super Mario Run. Très attendue, l’application – uniquement disponible sur iOS dans un premier temps, la version Android étant prévue pour le début 2017 – s’est rapidement distribuée comme des petits pains et comptabilisait 40 millions de téléchargements en quatre jours à peine. Un carton.

Un raz-de-marée moustachu

40 millions. En quatre jours, le jeu “Super Mario Run” a été téléchargé 40 millions de fois.

A titre de comparaison, Pokémon GO, qui détenait jusqu’à présent le record de rapidité, avait mis l’an dernier 11 jours pour atteindre les 25 millions de téléchargements, alors qu’il était disponible sur iOS et Android… Voilà de quoi rassurer Nintendo pour qui cette sortie est un pari. Premier jeu de la firme japonaise sur smartphone, Super Mario Run est ce qu’on appelle dans le jargon un runner : le personnage court tout seul vers la droite et l’utilisateur, qui joue en orientation portrait, ne peut que déclencher des sauts du personnage à l’aide de son pouce.

Vache à lait ou futur flop ?

35 ans. L’âge de ce plombier italien qui vit en Amérique conçu par un Japonais.

Le dernier-né du géant de l’industrie du jeu vidéo est téléchargeable gratuitement. Toutefois, la version gratuite ne permet de jouer qu’à trois niveaux et les utilisateurs doivent débourser pas moins de 9,99 euros pour accéder aux mondes suivants. Une facture salée pour un jeu sur smartphone. Reste à savoir dès lors quelle part des utilisateurs ouvrira son portefeuille, d’autant plus que les évaluations sont assez médiocres et que la note attribuée au jeu sur l’App Store plafonne à deux étoiles sur cinq. Alors, Nintendo touchera-t-elle le jackpot que d’aucuns ont entrevu au départ ? Dans un communiqué de presse diffusé le 21 décembre, la firme restait muette quant aux revenus qu’elle aurait déjà perçus grâce au jeu. Mais selon le site spécialisé en applications App Annie, Super Mario Run aurait généré 10 millions de dollars en trois jours. Et la société d’analyse financière japonaise Nomura estimait quant à elle que la version payante générerait près de 7 milliards de yens (57 millions d’euros) au mois de décembre uniquement. Des sommes relativement modestes en comparaison avec l’ensemble des revenus perçus par Nintendo, qui génère chaque année plus de 500 milliards de yens (4,3 milliards d’euros) de chiffre d’affaires.

Un enthousiasme modéré en Bourse

558 millions de copies des jeux dans lesquels apparaît Mario se sont vendues. Rien qu’entre 1985 et 1990, plus de 100 millions de jeux à son effigie se sont écoulés.

Victime de ces nouvelles contradictoires et partagé entre l’engouement du grand public et le scepticisme des pros, le cours de Bourse de Nintendo fait autant de bonds que le plombier moustachu dans sa quête des petites pièces d’or. Lorsque Nintendo a annoncé la sortie du jeu en juillet dernier, l’action a d’abord grimpé de 20 %, signe de l’enthousiasme provoqué par les profits faramineux que le jeu pourrait engranger. Mais des experts en jeux vidéo ont rapidement cassé l’ambiance, s’en prenant notamment au prix élevé de l’app. Refroidis, les traders ont précipité les ordres de vente et provoqué un recul de l’action de 16 %. Mais faisant fi des critiques des spécialistes, les consommateurs ont accueilli chaleureusement Super Mario Run, venant semer encore plus d’incertitude sur le cours de l’action, qui ne cesse plus d’afficher des sursauts et des micro-chutes à Tokyo. La place boursière semble bien incapable de mesurer les revenus que le jeu pourrait apporter à Nintendo au final.

Un plombier jamais plombé

La mascotte de Nintendo qui a soufflé ses 35 bougies en 2016 affiche toujours une santé de fer, comparé à d’autres héros de jeux vidéo : pensons à Sonic, à Lara Croft ou encore à Pac-Man, qui ne peuvent se targuer d’une telle longévité. L’increvable Super Mario, lui, fait toujours recette : en témoigne le succès de la mini Nes, la réédition récente de la mythique console créée par Nintendo en 1986. Tout ce que touche ce petit personnage sautillant – qui s’est appelé initialement Mr Video, puis Jumpman – se transforme en or. Et Nintendo l’a bien compris. La firme a en effet annoncé qu’elle allait ouvrir dans les années à venir des parcs d’attraction Super Mario World, à Tokyo, Los Angeles et Orlando, en collaboration avec Universal. De quoi replonger à la fois les quadras nostalgiques et leurs enfants dans l’univers de Mario, de Luigi et de Princesse Peach. Nul doute que le personnage rencontrera son public : Mario est à ce point une icône populaire que quand le Premier ministre japonais Shinzo Abe est monté sur scène lors de la cérémonie de clôture des JO de Rio pour annoncer les Jeux de Tokyo de 2020, il c’était déguisé… en Super Mario.

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