“Le problème de Brussels Airlines, c’est Bruxelles”

© British Airways

À l’occasion de l’inauguration de la route Londres-Hong-Kong en A380 par British Airways, nous avons rencontré le CEO de la compagnie aérienne anglaise, Keith Williams, dans la mégapole asiatique. Interview.

Trends/Tendances: Quels sont les ingrédients de la réussite actuelle de British Airways ?
Keith Williams: Notre recette est d’avoir opéré une restructuration majeure il y a environ 10 ans. De 65.000 employés en 2001, nous sommes passés à 40.000 en 2013. Une telle réduction de personnel a été possible grâce notamment aux avancées technologiques: par exemple, la réservation et l’enregistrement en ligne. L’explosion d’internet a également facilité et diminué les coûts de la publicité à destination des clients potentiels.

Comment expliquez-vous qu’une compagnie comme British Airways se porte bien tandis qu’une autre comme Brussels Airlines connaît plus de difficultés ?
Le problème principal que rencontre Brussels Airlines, c’est le marché bruxellois. Pour British Airways, Londres est un formidable point de départ, un ‘hub’ en anglais. Heathrow est le coeur de tout un réseau d’aéroports plus petits qui le dessert.

Agrandir Brussels Airport pourrait donc être une solution ?

Un plus grand aéroport ne changerait rien pour Brussels Airlines. C’est le marché qui pose problème. Le marché est un prérequis à l’aéroport et pas l’inverse. Pour vous donner un exemple, le Terminal 5 de Heathrow accueille chaque jour environ 40% de passagers en transit. À Bruxelles, ce nombre doit probablement tomber à 10%, voire moins.

En son temps, la Sabena a essayé de devenir une grosse compagnie au niveau mondial, tout en étant basée à Bruxelles. Mais cela n’aurait jamais pu marcher.

Pourquoi ?
On en revient au marché bruxellois qui ne draine pas assez de passagers. Selon moi, Brussels Airlines ne doit pas commettre la même erreur que Sabena et ne doit pas essayer de s’agrandir à tout prix. Elle doit plutôt se concentrer sur son marché de niche, sur son rôle qui est d’approvisionner les gros aéroports internationaux.

Ce qui rentabilise nos vols ce sont surtout les premières et les business classes

Parlons du fameux Airbus A380. Vous venez de l’inaugurer sur la route Londres-Hong-Kong. Il y a un mois, c’était sur la route Londres-Los Angeles. Quel est le rôle de ce mastodonte dans la stratégie de British Airways ?
L’A380 est là pour rentabiliser au maximum nos slots sur nos routes principales. Essentiellement à cause du manque de place, à Londres ou Hong-Kong par exemple, une compagnie aérienne n’a droit qu’à un certain nombre de départs ou d’arrivée dans un aéroport donné, ce sont les slots. Plus un avion peut transporter de passagers, plus les slots seront rentabilisés.

Combien possédez-vous d’A380 ? Nous en avons trois pour le moment. Un quatrième nous sera livré en janvier et à terme nous en aurons douze.

L’A380 peut transporter 469 passagers, n’est-ce pas ?
Exact. 14 en première classe, 97 en business, 55 en premium économique et 303 en éco.

Cela fait beaucoup de monde. Ne craignez-vous pas qu’en cas de chute de la fréquentation aérienne ces avions ne deviennent plus rentables ?
Ce qui rentabilise nos vols ce sont surtout les premières et les business classes. Tant que celles-ci sont remplies, ce n’est pas trop grave si les économiques ne sont pas complètement ‘full’. Et on en revient à l’importance de disposer d’un hub principal comme l’aéroport de Heathrow qui draine un grand nombre de businessmen à destination ou à partir de Londres.

Pour conclure, comptez-vous bientôt ouvrir de nouvelles routes avec l’A380 ?
Pas avec l’A380, non. Pour le moment, il n’emprunte que nos routes Hong-Kong et Los Angeles. Ce que nous faisons, c’est exploiter ou ouvrir des routes avec de plus petits appareils, comme le Dreamliner de Boeing, et ce n’est que lorsqu’une route est fermement établie que nous mettons les A380 dessus.

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