Le patron de BP négocie ses indemnités de départ

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Mollement démentie, la démission de Tony Hayward semble acquise. Il négocierait en ce moment son package de départ, après 28 ans passés chez BP.

Le groupe pétrolier britannique BP entretenait le suspense lundi sur le départ de son patron Tony Hayward, honni aux Etats-Unis après la marée noire dans le golfe du Mexique, mais son sort paraissait néanmoins scellé, seul la question de ses indemnités semblant encore faire débat.

La presse assure depuis ce week-end que M. Hayward quittera le groupe dans un mois ou deux. BP a “noté” ces spéculations, lundi dans un communiqué, assurant “qu’aucune décision définitive n’a été prise”. Un conseil d’administration devait se tenir lundi soir.

“Tony Hayward est notre directeur général” et il a “le soutien total du conseil d’administration et de la direction”, souligne le groupe.

Les journaux, qui semblent s’informer auprès des meilleures sources (le Wall Street Journal se prévaut même d’avoir parlé à un interlocuteur “connaissant les pensées” de M. Hayward), indiquent que le départ du dirigeant sera effectif après le colmatage définitif de la fuite.

Il doit être annoncé mardi en même temps qu’une perte trimestrielle prévue comme la plus énorme de l’histoire des sociétés britanniques, de l’ordre d’une quinzaine de milliards de dollars. Le confortable bénéfice, d’environ 5 milliards de dollars, sera en effet anéanti par des provisions massives pour les charges encourues dans le cadre de la marée noire.

Les ultimes discussions pourraient porter sur l’indemnité de départ que touchera le dirigeant, qui, quel que soit son montant, risque de toute façon d’être vue comme excessive outre-Atlantique.

Normalement M. Hayward a droit à un an de salaire (hors bonus), soit environ un million de livres (1,2 million d’euros), et aux droits à retraite accumulés en cours de carrière, qui s’élèvent à 10,8 millions de livres, permettant un versement annuel de 584.000 livres à partir de 60 ans.

Les statuts de BP précisent cependant que les indemnités de départ peuvent être réduites “quand cela est approprié”.

Les discussions pourraient porter sur ce point: les circonstances plaident pour une telle réduction, mais M. Hayward, 53 ans, serait décidé à voir reconnaître au contraire ses 28 ans de services au sein de BP, impeccables jusqu’à la catastrophe de la marée noire.

Les analystes se résignaient au départ de M. Hayward. C’est “un homme mort depuis qu’il a raconté qu’il voulait retrouver sa vie d’avant” à la chaîne américaine NBC, estimait James Hughes de CMC Markets, faisant allusion à l’une des gaffes du dirigeant qui lui ont valu l’inimitié de l’ensemble des Américains dont le président Barack Obama.

Certains soulignaient cependant que M. Hayward avait su rendre son lustre à la compagnie pendant ses trois ans de règne. “Hayward a transformé BP et amélioré sa performance d’exploitation mais la direction a besoin d’un bouc émissaire et ce pourrait être le directeur général”, remarquait Peter Hitchens de Panmure Gordon.

Pour BP, commentait M. Hughes, “la tâche commence, non seulement de nettoyer la zone du Golfe affectée, mais, ce qui est beaucoup plus ardu, de nettoyer la réputation de la compagnie”.

La succession de M. Hayward pourrait être confiée à Bob Dudley, le Monsieur Marée Noire du groupe depuis fin juin, dirigeant expérimenté et respecté de BP, mais surtout un Américain originaire du Mississippi, l’une des régions affectées par la pollution.

Lundi, BP espérait remettre prochainement en route ses foreuses pour achever les puits de secours qui devraient permettre d’arrêter définitivement la fuite. Les travaux avaient cessé pendant la tempête Bonnie.

Trends.be avec L’Expansion.com

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