Le pari américain de la Sonaca ne fait pas l’unanimité

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La Sonaca paiera ainsi un ticket de plus de 400 millions d’euros pour réduire sa dépendance vis-à-vis d’Airbus et fournir Boeing. Elle doublera quasiment de taille.

La Sonaca, qui fabrique des éléments d’ailes pour Airbus, va presque doubler ses effectifs en rachetant l’américain LMI Aerospace, qui fabrique des éléments de structure. LMI occupe 1.950 personnes alors que le groupe Sonaca, propriété de la Région wallonne, en emploie actuellement 2.500. Ces nouveaux emplois ne seront pas wallons mais l’opération a été jugée nécessaire par Bernard Delvaux, CEO de Sonaca, pour fournir de nouveaux clients comme Boeing ou Gulfstream. ” L’addition de LMI Aerospace au groupe Sonaca conforte notre vision d’étendre nos capacités aux Etats-Unis “, indique Bernard Delvaux dans le communiqué publié par LMI.

L’opération vise surtout à gagner des clients que Sonaca cherche en vain à attirer depuis des années. La société est trop dépendante d’Airbus, à qui elle fournit des bords d’attaque pour les ailes de tous ses avions civils. Elle vend aussi des éléments de fuselage au brésilien Embraer et au canadien Bombardier. Elle est tributaire du succès des avions. Or, l’Airbus A380 est un échec et le nouveau Bombardier CSerie est en retard. Airbus demande régulièrement des baisses de prix. Une plus grande diversification permet donc de mieux répartir les risques.

N’arrivant pas à fournir directement Boeing, Sonaca n’a plus comme solution que le rachat d’un fournisseur. Elle a convenu avec LMI d’une OPA amicale à 14 dollars cash par action (la cote à l’annonce du deal est de 9,19 dollars), soit 173 millions d’euros pour 100 % des titres. En intégrant les dettes, la facture s’élèvera à 405 millions d’euros. LMI a dégagé 375 millions de dollars de chiffre d’affaires en 2015 (351 millions d’euros), la Sonaca a réalisé 380 millions d’euros sur la même période.

Trois administrateurs sceptiques

LMI est actif sur 21 sites : aux Etats-Unis, au Mexique et en Grande-Bretagne. Il dispose aussi d’une base low cost au Sri Lanka. Néanmoins, LMI est moins rentable que la Sonaca. En 2015, le bénéfice opérationnel du groupe américain s’élevait à 20 millions de dollars (19 millions d’euros) contre 38,6 millions d’euros pour le groupe wallon. Le cours de l’action a été divisé par deux ces trois dernières années. La direction de LMI a réduit les coûts et réorganisé la production pour relancer l’entreprise. Ces éléments ont sans doute rassuré Bernard Delvaux. Ils n’auraient cependant pas convaincu trois administrateurs de la Sonaca qui, selon notre confrère L’Echo, ont voté contre l’opération.

Bernard Delvaux et le président de la Sonaca, Pierre Sonveaux, ont néanmoins pu décider la Région wallonne, son actionnaire, de financer l’opération. Investir à l’étranger est délicat pour la société, tout investissement hors du pays est scruté par les syndicats et suppose un accord du gouvernement wallon. La Région a néanmoins fini par accepter en 2016 l’ouverture d’une filiale dans un pays low cost, Aero Forming Transylvania, afin de rester compétitive face aux demandes de rabais des constructeurs.

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