Le géant britannique Carillion s’effondre

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Le groupe britannique de construction et de services Carillion a fait faillite lundi, faute d’accord sur son sauvetage, suscitant des craintes sur l’avenir de milliers d’emplois et des nombreux services publics qu’il assurait.

Carillion explique dans un communiqué n’avoir eu d’autre choix que “de se placer en liquidation avec effet immédiat”, laissant potentiellement sur le carreau ses quelques 43.000 employés dans le monde (Canada, Moyen-Orient et Afrique du Nord) dont 19.500 au Royaume-Uni.

Il précise que le gouvernement va apporter les fonds nécessaires pour maintenir les services publics assurés par Carillion et qui représentaient une bonne partie de son activité, via des services fournis notamment aux écoles (cantines), aux hôpitaux et à l’armée britanniques.

Le montant des contrats en cours auprès du secteur public ou en partenariat public-privé s’élève à environ 1,7 milliard de livres (1,91 milliard d’euros).

Le gouvernement a néanmoins demandé à tous les employés de Carillion de continuer à venir travailler, leur assurant qu’ils seront encore payés.

“C’est un jour très triste pour Carillion (…) Nous n’avons pas été capables de trouver les fonds pour soutenir notre activité et c’est avec le plus grand regret que nous avons pris cette décision”, a déclaré Philip Green, président du conseil d’administration du groupe.

Des rumeurs évoquaient ces derniers jours un placement en cessation de paiement, mais le groupe a surpris en se déclarant directement en liquidation, laquelle va désormais être orchestrée par un responsable désigné par le tribunal des faillites ainsi que par le cabinet PwC.

Carillion a mené d’âpres discussions durant le week-end avec des représentants du gouvernement et ses créanciers, espérant réduire sa dette et renforcer son capital, mais sans succès.

Selon la presse britannique, les banques avaient conditionné tout renflouement à une intervention directe des autorités publiques.

“Il est regrettable que Carillion n’ait pas été capable de trouver des options de financement convenables avec ses créanciers mais il n’est pas possible de d’attendre des contribuables de sauver une société du secteur privé”, a expliqué David Lidington, secrétaire d’Etat auprès de la Première ministre.

‘Course aux contrats’

Une fois la faillite officialisée, les syndicats ont demandé au plus vite des assurances sur l’avenir des emplois, des salaires et des retraites.

“C’est une nouvelle désastreuse pour les effectifs et pour les transports et services publics au Royaume-Uni”, a déclaré Mick Cash, secrétaire général du syndicat des transports RMT.

Pour le syndicat GMB, cette faillite “montre l’échec complet d’un système qui a mis nos services publics entre les mains de groupes troubles et concentrés sur le profit”.

Le groupe, dont le siège est à Wolverhampton (centre de l’Angleterre), a réalisé un chiffre d’affaires de 5,2 milliards de livres (5,9 milliards d’euros) en 2016. Il a émis trois avertissements sur résultats depuis juillet 2017 et son directeur général a démissionné durant l’été.

Carillion, engagé dans d’importants projets de travaux publics au Royaume-Uni, croulait sous une dette de 1,5 milliard de livres (1,68 milliard d’euros), dont celle liée à son fonds de retraite.

Sa chute pourrait avoir des conséquences sur le projet géant High Speed 2 (HS2) de nouvelle ligne ferroviaire à grande vitesse au Royaume-Uni, que Carillion portait aux côtés du britannique Kier et du français Eiffage.

Le gouvernement britannique a assuré que le projet se poursuivait et que l’avenir des actifs de Carillion ne serait pas décidé dans la précipitation.

La situation financière du groupe s’est lourdement dégradée ces dernières mois, en raison de reports de chantiers et de difficultés dans l’exécution de contrats. Le prix de son action, désormais suspendue, a été divisé par plus de dix depuis l’été dernier.

Début janvier, Carillion avait annoncé qu’il faisait l’objet d’une enquête du gendarme boursier britannique, la Financial Conduct Authority (FCA), sur les annonces faites par le groupe sur sa situation, entre le 7 décembre 2016 et le 10 juillet 2017.

Pour Neil Wilson, analyste chez ETX Capital, Carillion “est un exemple de mauvaise gestion et de course aux contrats à tout prix”, mais, selon lui “le gouvernement et les banques auraient pu, ou peut-être dû, faire plus”.

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