Le fisc, seul coupable des méventes de voitures ?

© Thinkstock

Les ventes de voitures ont chuté de 15 % sur les cinq premiers mois de 2012. Le marché n’est toutefois pas homogène : les ventes aux entreprises restent pratiquement stables, tandis que les ventes aux particuliers s’effondrent. En cause : la nouvelle fiscalité. Mais pas seulement.

Les ventes automobiles ont chuté de 14,61 % sur les cinq premiers mois de 2012 par rapport à la même période en 2011, si l’on en croit les résultats d’une enquête réalisée auprès de 300 concessionnaires par la Federauto, la Confédération belge du commerce et de la réparation automobiles et des secteurs connexes.

En mars déjà, Federauto mettait les warnings car “tant les statistiques d’immatriculation que les données de vente s’effondraient de respectivement 17 % et 22 % par rapport à la même période de l’année précédente”.

Entreprises vs particuliers : des résultats plus que contrastés

Les résultats divergent fortement selon la région et la marque, nuance la confédération. “Ce phénomène s’explique surtout par le fait que les ventes aux entreprises restent pratiquement stables alors qu’à l’opposé, les ventes aux particuliers s’effondrent. Les concessionnaires situés en agglomération urbaine et les marques détenant une importante part de marché fleet s’en sortent le mieux. Les entreprises automobiles rurales et les marques vivant des ventes aux particuliers traversent des temps difficiles.”

Par ailleurs, “les conséquences d’une chute de près de 15 % des ventes ne sont pas à sous-estimer, surtout au vu des commentaires que nous ont livrés pratiquement tous les concessionnaires.”

Les véhicules plus petits, moins chers et à motorisation plus légère ont la cote

Federauto enfonce le clou : “Suite aux nouvelles mesures fiscales frappant les voitures de société, la demande de grands SUV, berlines de luxe et voitures de sport est quasiment à l’arrêt, ce qui est néfaste pour les concessionnaires distribuant principalement ce type de modèles.”

Une tendance qui s’étend au marché de l’occasion, “comme l’annonce Autoscout24 qui parle d’un glissement de terrain. Les dénommées ‘voitures de luxe’ sont devenues persona non grata, ce qui entraîne une surabondance de l’offre sur le marché de l’occasion et, fatalement, aussi une dégringolade des prix de ces modèles.”

Bref, le marché automobile belge “tend visiblement vers le downsizing, non seulement en termes de modèle mais aussi de motorisation, consommation et émission de CO2, équipements et options. Si tel était l’objectif du gouvernement, les nouvelles mesures ont frappé en plein dans le mille.”

Les nouvelles mesures fiscales ne sont toutefois pas seules à l’origine des baisses du chiffre d’affaires : “Au cours des cinq premiers mois de 2012, les jours de chômage économique dans les ateliers du secteur automobile s’élevaient déjà au nombre de 22.030, soit une augmentation de 11,5 % comparé à la même période de l’année précédente. Le fait que beaucoup de concessionnaires envisagent de licencier des collaborateurs techniques montre à quel point l’avenir est sombre. Un plan de relance solide pour le secteur automobile est donc à l’ordre du jour.”

Conséquences du downsizing belge : stocks gonflés chez les concessionnaires

La tendance à l'”amaigrissement” entraîné par la nouvelle fiscalité n’est pas indolore pour le secteur, dénonce enfin Federauto : “Les effets secondaires majeurs de cette nouvelle politique, introduite aussi brutalement que de manière irréfléchie, se font sentir au détriment du secteur et plus particulièrement des distributeurs automobiles, qui peinent à assurer la rentabilité de leur entreprise. De nombreuses marques imposent par ailleurs – sous la pression de la surproduction européenne – des quotas de vente qui ne cessent de gonfler les stocks des concessionnaires, surtout dans les modèles les plus coûteux.”

Compte tenu du recul général des ventes automobiles sur le marché européen, “mais surtout en raison des facteurs spécifiques qui accentuent cette tendance sur le marché belge”, la confédération automobile insiste auprès des constructeurs et importateurs “pour qu’ils revoient les objectifs antérieurs trop optimistes et soulagent la pression pesant sur les distributeurs belges que les excédents de stock plongent dans de graves difficultés de rentabilité et de financement”.

Trends.be

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content